Nous
allons donner, ici, une image qui tentera de définir ce quest
la réalité. C'est la tentative audacieuse et probablement
illusoire de donner une forme à la réalité. Cette
forme sera décrite par une image. Cette image appelée la
trame a pour vocation de réconcilier le réalisme du bon
sens avec la remise en cause permanente dû à son inaccessibilité.
La conclusion de la trame est que la réalité existe, qu'elle
est là devant nos yeux pure et dure, inflexible et incontournable ;
accessible dans toute sa réalité. Et pourtant il réside,
dans sa nature même, un mystère inexpugnable. elle a beau
être devant nos yeux, elle échappe à toute finalité,
elle échappe à toute définition, elle échappe
à toute absolu de perception. La réalité cest
une sorte d'absolu aussi tangible quinacesssible.
On
pourrait sarrêter là. Mais nous allons tenter d'aller
plus loin. Ce chapitre tente de donner une logique, une forme, une perception
de la réalité qui permet daccorder ce constat hétéeogène
en une structure cohérente pour la compréhension et cohérente
avec la vie.
Ce monde que nous voyons qui semble ne pas exister dans la réalité
scientifique, cette vie que nous vivons qui semble nêtre quune
illusion, il faut lui redonner sa place sa réalité du bon
sens. Je veux pouvoir affirmer face à la mécanique quantique
que mon petit déjeuner ce matin était réel et agréable.
Mais surtout je veux pouvoir comprendre ce qui différentie le réel
de lillusoire, voilà pourquoi il me faut connaître
le fond de la réalité.
Une
vue de la trame
Nous sommes face à deux découvertes essentielles et dune
apparence un peu contradictoire :
le bon sens, lévidence éduquée comme guide
de la connaissance et de la fiabilité.
Le constat dune remise en cause permanente de la connaissance qui
induit le doute sur toute réalité et même, comble
du malaise, le doute sur la réalité elle-même.
Doit-on remettre en cause le bon sens qui affirme la simple réalité
des choses ? Mais que reste-t-il après cette remise en cause?
Si toute réalité disparaît sur quelle base affirmer
quoi que ce soit. La vie nest-elle alors quun sentiment esthétique
qui naurait dailleurs lui-même aucune réalité.
Cest au bon sens que nous avons confié la perception du monde,
cest le sens qui nous apparaît naturellement et qui se développe
au rythme de sa propre maturation. Cette compréhension du bon sens,
que jai adopté face à la remise en cause permanente,
a fait naître en moi une nouvelle vision de ce que signifie connaître.
Il se dessine en moi une image, une analogie, qui me dresse lautoportrait
de ma connaissance. Cette vision donne soudain une cohérence à
ma démarche, à mon apprentissage, à ma vision du
monde et à ma compréhension de lhistoire. Cest
une image qui me parle de la nature de la connaissance et de la réalité
des choses :
«
Cette image est celle dun univers gigantesque démesuré.
Cet univers nest pas rempli détoiles et de planètes,
mais de cordages. Des fils de toutes tailles qui sont tendus en tous sens.
Ces fils sont assemblés et forment des cordes monstrueusement grosses
et solides qui se rejoignent et se séparent à linfini,
et aussi des cordes plus légères, des cordelettes et des
ficelles, des fils et des brins presque imperceptibles.
De chaque cordage, de façon très désordonée,
sortent des cordelettes comme une branche sort dun tronc. Et des
cordelettes sortent des fils et ainsi de suite. Des immenses cordes, il
sort aussi des ficelles ; et même, des brins de fils sortent
de lentraille des monstrueux géants.
Chaque corde, chaque fil est tendue entre deux extrémités,
doù elle prend naissance. Cest comme si chaque branche
sortait dun arbre et rentrait plus loin dans un autre arbre. Ainsi,
chaque lien est bien fixé et possède sa place dans un silence
qui semble éternel. En tout sens enchevétrés dans
une complexité innommable, mais chacun y possède sa place.
Chaque brin, serait-ce le plus fin, y est résolument bien à
sa place ; il concourt à la solidité et à léquilibre
des forces de lensemble par sa faible existence.
Et soudain cest le vertige. En observant les plus petits de ces
fils je réalise queux-même sont comme le gros cordage
dun univers plus petit qui est semblable à celui que javais
vu initialement. Non pas semblable en fait, mais comme une continuité
du premier. Comme si cette chute vers linfiniment petit navait
pas de limite. Tout de suite alors me vient lidée de prendre
du recul et de regarder le plus loin quil mest donné
de distinguer, et là conformément à mon attente,
jy vois aussi un univers de cordages dans lequel est inscrit celui
que javais vu au départ. Cette dimension fractale de lunivers
meffraie et minspire un trouble. Il me semble navoir
plus de repère de taille.
Cest alors quen mapprochant de ces gros cordages, je
vois queux-mêmes ne sont quun entrelacement de plus
petit, qui eux-mêmes sont fait de plus petits, mais dune telle
densité quils apparaissaient comme une corde.
Puis revenant à la globalité, japerçois que
tous ces cordages ne sont pas disposés de façon hétéroclite,
mais quil existe un agencement précis qui rassemble ces fils
sous forme des groupements bien visible. Cela forme des figures ou des
motifs qui se répètent fréquemment dans lensemble
de ce grand tissage. Malgré leur dimension fractale je discerne
des contours à ces groupements. Et chaque groupement est relié
à dautres groupements par la tension des fils qui sont en
quantité variable. Mais lagencement y est surprenant car
ces motifs forment eux-mêmes la maille de nouveaux motifs, et ainsi
de suite dans les grandes échelles comme dans les petites. La netteté
et la clarté de ces groupements ne supposent aucun doute.
Rien nest isolé. Tout est relié de façon claire
ou parfois de façon moins évidente, par exemple par de tous
petits fils qui relient des groupements très éloignés.
Beaucoup de très gros cordages semblent sallonger indéfiniment
sans quon en voit la terminaison, et il en est de même pour
des très petits et pour des cordages de toutes tailles.
Mis à part le fait que tout semble bien organisé sous forme
de groupements, on a limpression de pouvoir tout y voir : des
très grosses cordes immenses et démesurées, et dautres
très grosses cordes qui sont très courtes ; certaines
sont même plus grosses que longues. Mais aucun fil nest coupé,
tous finissent par aboutir en quelque lieu dancrage. Il y a en a
de toute taille et de toute longueur, et pourtant le tout semble être
très rigoureusement organisé, bien quil apparaisse
ici où là un fil dont on ignore le groupement ou dont on
ignore les attaches.
On constate aussi que beaucoup de groupements procèdent du même
type dagencement. Ils sont très faciles à reconnaître
par leur similarité, sans négliger que chacun possède
sa particularité,. Dailleurs lensemble de ces groupements
similaires forme un motif qui ressemble à un nouveau groupement
plus vaste, une nouvelle figure. On a limpression que cet immense
ensemble est fait de ces répétitions et de ces grandes figures
qui sorganisent et se mélangent entre eux en tout sens pour
former toutes sortes de nouveaux groupements.
Mais quand on y regarde attentivement, il se trouve que beaucoup de formes
qui semblent organisées ne sont pas si clairement structurées
quelles ne paraissent. Limage de leur groupement nest
pas net, bien que les rapports entre les cordage soient évidents.
A linverse, en y regardant de plus près sous certains angles,
certains groupements deviennent alors beaucoup plus évidents. Dautres
restent résolument mystérieux.
Je découvre aussi un phénomène curieux : certains
groupements qui me paraissaient évidents, forment des groupements
très différents suivant le regard quon y apporte.
Ces différentes apparences se conjuguent à différentes
échelles et sous différents angles. Toutes coexistent. Mon
regard navigue dune apparence à lautre, les réalités
apparaissent et disparaissent tour à tour au rythme de mon attention.
Et je suis surpris de constater que cela se passe sans quaucun fil
ne bouge.
Il se trouve aussi que certains groupements qui paraissaient nets, ne
le sont plus du tout quand on les regarde différemment. Dautres
groupements présentent des formes presque contradictoires sous
un autre angle. Dautres encore demandent à être regardés
de bien des façons avant de pouvoir être distingué.
Il ma semblé quaprès bien des regards, je voyais
certains motifs à chaque fois différemment, parfois toujours
mieux (la nouvelle figure intégrait et confirmait clairement la
précédente), et parfois toujours autrement sans y trouver
de rapport.
Et quand on regarde aux limites de ce qui est possible de distinguer,
on constate toujours ces mêmes motifs, mais parfois on ne fait que
limaginer car seuls les gros cordages sont visibles. Les formes
et les entités y sont beaucoup moins visibles. On ne possède
pas assez de précision pour les distinguer nettement. Néanmoins,
il semble que certains gros cordages se laissent facilement imaginer par
leffet de tension quils produisent sur lensemble de
ce quon peut nettement voir. »
Devant la nature de ces fils, devant lévidence des figures
qui y apparaissent, le nom de cet univers mest apparu spontanément,
je lai appelé : la trame.
Ce mot qui connaît deux sens et dont chacun des sens rapporte une
partie de lidée:
trame qui est un objet fait de fils.
et trame qui est laperçu global dune histoire, dun
projet.
Le première sens (ensemble de fils) est le support mental qui nous
pemet de préciser le second (laperçu) qui lui, est
le fondement de la réalité.
Le sens de cette vision est clair. Cest notre univers dont la réalité
possède une dimension fractale et une dimension de regard multiples.
Dans ma recherche du bon sens, je me suis aperçu que la réalité
était souvent faite dangles différents, que, plus
je lobservais, plus ma compréhension du monde devenait soit
claire, soit confuse, et souvent les deux en même temps. Cette multiplicité
de regards, cet finement possible, ce discernement de groupements, de
motifs, cela présente une conformité avec mon regard sur
les choses extérieures.
Ces groupements qui se détachent de lensemble dans une apparence
incontestable portent un nom générique : ce sont les
identités. Létude ma montré que ce quon
nomme dun seul mot, que ce quon nomme 'identité' peut
souvent être abordé en de nombreux niveaux différents,
dégageant chacun des réalités différentes.
Lidentité des choses nest jamais complètement
nette, tout est lié à dautres identités et
ainsi de suite. Lidentité nest que condensation de
la réalité. Cest le contraste des densités
qui fait la réalité des identités : là, il
y a quelque chose qui se distingue d'à côté. Mais
cette réalité est indissociable des liens qui existent entre
les différentes identités de la réalité. Ces
liens même forment la réalité.
Je me rebelle et j'affirme que les identités existent bel et bien,
mais je finit par my résoudre parce que je ne sais ni ce
qu'est la réalité, ni pourquoi toutes les identités
sont reliées entre elles par autant de sens commun.
Parlons des objets matétiels. Nest-ce pas là une manifestation
des plus pures identités ? Et bien, ce nest pas si évident.
En effet, aucun contour matériel nest net, lisse. Tout est
formé « datomes ». Chaque atome est
une identité mouvante lui-même formé dentité
mouvante qui finissent par en perdre même leur identité (dans
la mécanique quantique). Comment pourrait-on dire quun contour
est net ? Ce nest jamais quune apparence. Comment définir
lidentité dune forme sans contour net. Il y a dailleurs
sans cesse des « échanges de matière »
avec lextérieur. Comment peut-on dire alors quune identité
est définie par son contenu ?
Voilà pour lexemple de la matière qui semble être
la réalité par excellence, et cest encore plus vrai
dans toutes sortes dautres réalités, car les choses
visible ne sont pas seulement de nature matériel. Le concept didentité
ne possède pas de contour net. Et avec lui les concepts de vrai,
de réel appliqués aux identités les plus
claires trouvent des failles dans lanalyse de leur réalité.
Certains domaines sont plus nets, dautres le sont moins. Certaines
réalités sont vues très différemments par
les uns ou les autres tout en correspondant aux mêmes événements,
on parlera dangle de perception.
La vie na pas besoin de lanalyse pour être perçue,
elle se perçoit au travers de concept naturels (instinctifs) ou
construits. La trame se pose dabord comme une évidence. Mais
cette évidence est multiforme , elle change avec la perception
et la compréhension que donnent lexpérience et la
connaissance de chacun.
La connaissance ne semble pas avoir de limites qui se pose comme une fin
en soi. De tout côté, elle semble pouvoir être approfondie.
Le recul que lon prend pour y voir plus clair semble sans cesse
pouvoir être amplifié. Nous sommes d'ailleurs souvent dans
limpossibilité de réaliser un recul suffisant, car
les formes lointaines restent floues.
Il peut sembler bien réducteur davoir présenté
une trame statique alors que la vie est entièrement dynamique.
Mais chaque analogie a ses limites. La complexité de la vie représentée
par un espace en trois dimensions est une immense simplification en soi.
Labsence du temps nest donc pas un problème majeur,
il est une dimension de la trame au même titre que nimporte
quelle autre dimension. Seulement cette vision de la trame suppose une
interprétation déterminisme de la réalité,
ce qui pourrait apparaître comme une faiblesse fondamentale de limage
de la trame. Ce nest pas le lieu de disserter sur la question du
déterminisme, nous aborderons cette question plus loin. Restons
sur cette image grossière de la connaissance, sans achopper sur
les limites de cette analogie. Limage de la trame a pour vocation
dapporter une caricature de la réalité. Et comme toute
caricature, elle insiste uniquement sur certains traits qui rend l'image
reconnaissable aux détriments d'autres plus subtils.
Que
dire de la trame
Une
image évocatrice
Voici de façon décousue quelques points forts qui ressortent
de limage de la trame :
Le premier enseignement consiste à chercher un regard objectif
et non un regard partisan : pour connaître linteraction
de deux réalités, il ne suffit pas détablir
lexistence dune relation entre ces deux réalités,
mais il faut chercher à connaître la nature et léquilibre
de lensemble des toutes les relations majeures qui existent entre
ces deux identités. Tant de raisonnements sont abusifs en ignorant
ce point. Le propre du fou est de produire des choses délirantes,
le propre du génie est dinventer des choses suprenantes,
le propre du sage est de savoir peser la différence. On ne peut
partir de lexistence dun lien pour justifier une interaction.
La réalité est une recherche de globalité et dobjectivité.
La connaissance utile consiste à percevoir non pas un lien, mais
la tension résultante de tous les liens. Ceci sobtient par
lanalyse de tous les liens principaux, les plus forts et aussi des
liens secondaires, et même parfois des plus faibles quand on est
face à un phénomène complexe.
Lidée de la trame apporte un sentiment un peu déroutant :
limpossibilté de la logique et de lanalyse de soccuper
du détail pour définir la globalité. La vision éclairée,
la recherche de réalisme ne peut-être entamée que
par la globalité. Se suffir de lanalyse, nous éloignera
bien souvent de lidentité, en se focalisant sur de nombreuses
interactions plutôt que dobserver la figure globale. Lanalyse
na pas le rôle de percevoir lidentité, mais de
peser chacune de ses interactions particulières.
Tout ce qui nous apparaît avec évidence comme une identité
bien établie est elle-même reliée à toutes
sortes dautres identités. Le contour dune identité,
sil semble évident, nest en réalité pas
du tout facile à percevoir.
Il
faut bien comprendre que limage de la trame parle dabord des
réalités extérieures. Elle ne cherche pas à
expliquer les mécanismes de la perception de ces réalités,
ni le mécanisme de lapprentissage. Nous étudierons
ces mécanismes plus loin. Il faut bien distinguer ce que nous percevons
des choses et ce que sont les choses en elles-mêmes. Notre perception
nest toujours que partielle. La réalité que nous percevons,
est comme la ligne droite du regard, qui ne possède pas beaucoup
plus quune seule dimension, qui en balayant du regard nous donne
de percevoir en deux dimensions, un corps placé en trois dimensions
qui se meut dans le temps (la quatrième dimension).
La réalité que nous percevons nest-elle pas une vision
bien limitée dobjets existants, plongés dans une multitude
de facteurs influants qui ne seront jamais maîtrisés mais
pouvant être seulement tour à tour considérés ?
Légitimité
Voici maintenant une interrogation sur la légitimité de
la trame.Une réflexion logique peut simposer : limage
de la trame est-elle recevable pour décrire la réalité?
En particulier, peut-on accepter de parler de la réalité
alors quon ne sait pas ce quest la réalité ?
La trame ne nous en dit pas davantage. Présenter la trame comme
la réalité ultime alors quelle ne dit rien sur la
réalité nest-il pas abusif ? Cest largument
quopposent les philosophes idéalistes aux matérialistes.
Il est bien évident que nous ne percevons les choses que de lintérieur,
par nos sens, par nos pensées et jamais directement à lextérieur
dans la réalité elle-même. Si cette perception est
toujours partielle et faussée, et manifestement elle lest,
comment est-il possible de déterminer la nature réelle de
ce que nous percevons ? Comment pouvons nous affirmer lexistence
de cette réalité extérieure ? La réponse
nest pas si complexe, mais elle est fondamentale. Nous reviendrons
plus abondamment sur ce point quand nous traiterons en détail le
problème de la réalité ; nous navons pas
tous les outils nécessaires pour linstant.
Argumentons provisoirement que la permanence, la pérennité
de notre perception, et même plus encore la convergence de notre
apprentissage, et pas seulement le nôtre, mais celui de chacun (perçu
dans le dialogue et dans les réactions), nous atteste cette réalité,
sans que nous ne la voyons jamais vraiment elle-même. Bien quelle
soit toujours vue au travers dun filtre, ce filtre devient de plus
en plus fin et nous permet den avoir lassurance de la pérennité ;
sans parler de toute linteraction, de toute la coordination de cette
réalité avec elle-même et avec nos connaissances.
Manifestement nous avons là un très grand indice de bon
sens. Comme nous avons choisi le bon sens et non la logique pour guide,
il serait maladroit de soumettre lexistence du réel à
la logique. Sous ce terme d « existence du réel »,
on ne peut dire que peu de choses, ce nest pas une existence au
sens logique. La trame est dabord lacceptation par le bon
sens, la vraissemblance de lexistence de cette chose immense qui
est à lextérieur de nous-même.
La
critique pourrait reprocher à la trame le raisonnement suivant :
la trame est une logique qui ne se tient pas, cest un non-sens de
supposer une réalité extérieure alors que lintérieur
lui-même nest que trame, et donc seulement une vraissemblance.
Lintérieur na donc pas de domination sur une autre
réalité extérieure ; comment pourrait-il la
définir ou y accéder en nature ? La réponse
est la suivante : on ne définit pas lextérieur
en nature, on ne fait que constater sa vraissemblance (son bon sens).
Tout confirme que le monde se connaît de mieux en mieux plus précisément,
ce qui est la base même du bon sens. On ne parle pas de la nature
particulière de la réalité, on parle des découvertes
de plus en plus précises et dune constance dans lobservation
de ce qui apparaît comme extérieur et qui par abstraction
finale donne lieu à penser à une réelle existence
extérieure.
En fait, on n'a pas besoin dune telle justification de lexistence.
Lexistence de la réalité sera acceptée par
le simple fait quelle correspond bien à nos impressions avec
toute la force du bon sens. La logique, qui est venue imposer la force
de lillogisme, nest pas acceptée dans notre approche
car elle nest pas première. Cest le bon sens qui prime,
cest-à-dire lévidence testée, éduquée.
Or largument logique sera rejeté car sa pertinence nest
avérée que dun point de vue logique (mécanique)
et non comme intégrée au bon sens (car le bon sens n'atteste
pas que cette mécanicité possède son domaine d'application
en ces lieux).
Supposer lexistence réelle permet de s'appuyer sur une référence
extérieure à nous. On peut penser que malgré une
perception différente de la réalité, nous arrivions
à force defforts à nous mettre daccord sur la
description de ce réel qui ne dépend pas fondamentalement
de nous-mêmes. Comme le réel existe, nous devrions pouvoir
nous rallier en parvenant à une description suffisament détaillée
et accordée. Mais il sagit là dune utopie qui
trouvera ses limites, nous en reparlerons. Hormis cette modération
denthousiasme, lexistence de la réalité est
retrouvée. Une réalité fondée sur le sens
et le bon sens est très appréciable. Elle permet denvisager
la poursuite de notre recherche avec sérénité. Comment
entamer une recherche quelconque si la réalité navait
pas été posée ? Il reste évidemment à
voir plus précisément le fondement de cette réalité,
mais son existence est un point essentiel à notre quête.
La
réalité retrouvée
Il faut bien comprendre que limage de la trame parle dabord
des réalités extérieures. Elle ne cherche pas à
expliquer les mécanismes de la perception de ces réalités,
ni le mécanisme de lapprentissage. Nous étudierons
ces mécanismes plus loin. Il faut bien distinguer ce que nous percevons
des choses, de ce que sont les choses en elles-mêmes. Notre perception
nest toujours que partielle.
La réalité que nous percevons, est comme la ligne droite
du regard, qui possède à peine plus quune simple dimension.
C'est en balayant du regard la réalité que nous pouvons
percevoir plus en détail les deux dimensions d'un corps étendu,
un corps placé en trois dimensions qui se meut dans le temps, la
quatrième dimension. Mais il ne s'agitlà que de l'étendu.La
réalité que nous percevons nest-elle pas une vision
bien limitée dobjets existants, plongés dans une multitude
de facteurs influants qui ne seront jamais maîtrisés d'un
seul regard. Nous ne pouvons sue les considérer tour à tour.
Dans la trame; je me retrouve avec satisfaction dans le confort de mon
bon sens quotidien. Lorsque je regarde une pierre, l'interrogation philosophique
et la prise de conscience que ce regard est une simple apparence pourrait
m'interroger sur la réalité de cette apparence. Mais la
trame m'affirme que ce qu'il me semble voir, c'est bien une vraie pierre.
Ce nest pas seulement une illusion, une vraie pierre est là
devant moi. Une idée essentielle de la trame consiste à
poser laperçu global, le regard naturel comme une approche
entièrement fondée de la réalité. C'est d'ailleurs
le fond de la réalité dans la trame : les condensations.
Maintenant il nest pas vrai que la réalité dun
objet se limite à ce que je vois. Son « existence »
est beaucoup plus complexe : les atomes que je ne vois pas, lintérieur
de la pierre ne sont pas accessible à mon regard. Lusure
permanente fait que la pierre n'est jamais là même, délaissant
sans cesse une partie delle même. Quand je considère
son origine, sa position, son contexte, son histoire, etc je
maperçois que la réalité de cette pierre est
immensément complexe. La vision que moffre cette pierre est
une condensation de la trame et la structure plus fine de cette condensation
est une regard sur d'autre condensation. Le tout se conjugue à
tous les temps possibles. Mais cela ne signifie pas que lon récite
des conjuguaisons, une réalité extérieure est bien
là dans le regard que jai sur cette pierre : cette réalité
est ce qui permet la peception de toutes ces condensations.
Le principe de la trame permet aussi de ne pas faire confiance aux mots.
Ils sont incapable d'exprimer le réel par des définitions
exiguës, il se contente de nommer des condensations souvent imprécises.
Le sens des mots réprésentant la réalité est
très souvent flou, imprécis. Les sens des mots sont liés
de façon inattendue et complexe. Les sens se recoupent et séloignent.
Leur usage ne peut se soumettre à une analyse logique précise
de réalité de la trame, car elle-même n'est pas définitive,
elle n'est qu'aperçu. Mais nous reparlerons du langage plus en
détail plus loin quand nous posséderons d'autres outils
essentiels.
Ce
qui est très interessant, c'est que le regard de la trame sur le
monde na rien changé à mes connaissances du monde.
Il m'a juste donné des limites, une direction, une réserve :
la perception des identités nest quun phénomène
de groupement de la réalité, un phénomène
de condensation de la trame. Dans le mot condensation, cest le mot
densité qui importe : lidée que les fils (la
réalité) rapprochés produisent de toute évidence
une forme discernable sans quil y ait pour autant de contour bien
défini. La définition ne se pose qu'après l'apparence
dans l'observation de la réalité. Le mot « condensation »
doit faire penser à une apparence suffisamment dense en comparaison
à ce qui l'entour pour être perçue clairement. Ainsi
la notion didentité, dont la difficulté philosophique
majeure est la définition, sexprime bien par le schéma
de la trame. Les identités existent, elles sont plus ou moins claires,
elles ne sexpriment pas par lanalyse, mais par la perception.
Tout réalité nest quidentité, sauf peut-être
la réalité elle-même qui est le mystère de
la nature de l'existence de tout cela. Et donc là encore, on ne
parle jamais que dune identité. Ainsi toute réalité
nest quapparence du réel, mais aussi une réelle
apparence. La réalité de lapparence ne se justifie
pas, elle se vit par une perception (qui peut être éduquée
à mieux voir). Lidentité est donc une réalité.
La réalité na alors peut-être plus un sens aussi
fort quon lui donnait initialement par le bon sens naïf, mais
un sens suffisamment fort pour quil soutienne la réalité
de la vie. Cétait une base de notre recherche. Les apparences
ne sont pas seulement sauvées, elles ont trouvé leur appui,
elles incarnent la réalité.
Lecture
de la trame
Réalité
immatérielle ?
On a souvent disserté sur la réalité des idées,
sur la réalité de ce qui nest pas matériel,
de ce qui est abstrait. Nexiste-t-il de réalité que
pour la matière ? Par exemple : les lois de la nature
sont-elles une pure réalité ou bien seulement une vue de
l'esprit ? Nous reparlerons plus longuement de ce problème
plus loin, mais sous lidée central des condensations, il
semble assez manifeste que les lois, les principes, les mécanismes
sont tout autant des réalités que la matière elle-même
(au dire de nos physiciens, la matière se rapproche dailleurs
toujours plus de lidée de loi que de lidée de
matérialité qui nous est suggéré par nos sens
naïfs).
Pourquoi faudrait-il croire que la matière est plus réelle
que les principes manifestes qui sont dans la nature ? La matière
possède plus de « réalité matérielles »
bien évidemment, mais possède-t-elle plus de réalité,
plus dexistence, plus de vérité, plus de présence ?
Pourquoi nous faudrait-il admettre cela ? La réalité
de la matière c'est la certitude de leur existence naîve
tel que nous les percevons. La réalité de la physique n'est-elle
pas aussi une certaine forme de certitude. Selon le principe de la trame,
il me semble que toutes les réalités qui émanent
de condensations manifestes de la trame sont dignes dêtre
appelée réalitée au même titre qu'une autre.
Ce qui fait la réalité d'une identité ce n'est pas
sa position dans la trame, mais la netteté avec la quelle il apparait.
Il est vrai qu'il y a une différence de nature entre des « principes »
et des « objets » de la nature en ce que lun
est matériel et pas lautre, mais existe-t-il une différence
de réalité. D'aileurs l'analyse nous conduit à voir
que la matière nest plus une réalité aussi
précise quon limagine naïvement avec le bon sens.
La réalité de la matière ne provient donc bien que
de son impression. L'analyse de la matière quant à elle
rapproche l'idée de « matière » des
réalités abstraites. Cela ne nous conduit-il pas à
justifier l'image de la trame en opérant un rapprochement dans
la nature de toute les réalité : tout nest que
condensation, c'est la netteté qui fait la réalité.
Rien nest palpable au final et dans labsolu.
C'est dans cette analyse de la matérialité qu'apparait tout
la pertinence du schéma de la trame en posant la netteté
comme réalité bien plus que la matière (qui est malgré
tout le lieu d'une réalité d'une néteté incroyable...
tant qu'on reste dans le domaine naïf). Cette confusion à
été à l'origine d'un nombre immense de discussions
philosophiques sur l'unité, la multiplicité, la singularité,
le monde des idées, etc...et l'on comprend aussi pourquoi la déconstruction
de la réalité matérielle est aussi à l'origine
d'un trouble philosophique.
Identités
Venons en à un problème central du concept de réalité ;
celui de lidentité. Quest-ce qui est digne du nom didentité.
Quest-ce qui est bien défini au point de former une chose
identifiable de façon univoque ? On a constaté que
la réalité des identités est dabord un phénomène
d'apparence et donc de perception (au sens large). Ainsi l'identité
est une réalité subjective. Nous avons dit que lidentité
est formée par la condensation de la réalité en forme
distinguable par le bon sens.
Seulement la définition de l'identité pose problème,
car si lévidence de certaines identités est manifeste,
il existe des identités dont lévidence est pour le
moins ambiguë. Sous ce constat, le rapport de la réalité
à lidentité devient beaucoup plus subjectif (pas clair)
que dans une perception naïve. Cela n'implique pas pour autant que
lexistence de toute réalité soit subjective, il existe
des réalités manifeste, et d'autres qui le sont moins. Il
en est de certaines réalités comme des formes dans les nuages,
si certaines formes apparaissent manifestement, dautres sont beaucoup
moins évidentes.Le regard différera de l'un à l'autre,
mais cela nempêche pas au nuage dêtre présent
tel quil est en réalité. Seule la lecture de la forme
diffère, la réalité est bien extérieure, mais
les identité ne sont pas forcément univoque. La trame nous
offre des identités, des condensations, qui peuvent prêter
à confusion tout en étant bien réelle. Mais cela
est inhérent à notre définitions des identité
par la trame, elle ne sont pas univoque dans leur fondement. Certaines
sont plus nettes que d'autres. Une identité est dautant mieux
définie que la condensation est compacte et très hétérogène
avec le milieu qui lentoure. La différence des perceptions
est due à une différence de lecture, qui est une histoire
personnelle de connaissances, de représentation, de contextes.
On a exprimé cette différence d'approche par le vocable
de différence dangle de vue.
Un autre point important qui apparaît dans la trame est qu'il n'y
a pas fondamentalement de contenant et de contenu, de singulier et de
catégorie. C'est une autre difficulté philosophique qui
est exprimé par l'image de la trame. Tout est d'une seule et même
nature : des condensations, des motifs que l'on reconnaît. Les motifs
contiennent toujours des motifs et s'inscrivent toujours à l'intérieure
de motif plus grand et sont reliés aux autres identité par
d'autres motifs encore. Tout n'étantque motif, on peut parler de
contenant et de contenu, mais il ne s'agit que d'une approche relative,
dans le fond tout est d'une nature commune.
Netteté
Cela nous conduit à une éthique de la réalité,
à une épistémologie : le vrai dans la trame
sont les condensation qui ne pose pas d'ambiguité.
Si une notion peut être niée sans que cela ne pose de gêne,
sans que cela ne vienne heurter dautres concepts, il y a des doutes
légitimes à poser sur lexistence d'une telle identité.
On est en droit de se poser des questions sur la validité de la
perception qui y conduit.
La réalité repose sur lévidence et la cohérence.
Cela ne signifie pas quune perception confuse soit fausse. Il se
peut quune personne distingue nettement ce quune autre ne
distingue pas bien à cause de la différence de ses acquis.
La réalité existe là en-dehors de nous, il reste
à la décrire. Et cela nest pas toujours simple et
univoque. L'histoire des connaissances scientifique en témoigne.
La recherche de la connaissance consiste à établir la réalité
manifeste et partageable par tous. La recherche de la netteté,
de la clarté est donc le fondement d'une éthique de la connaissance
de la réalité.
Inertie
Une des réalités importantes de la trame est quelle
possède une grande inertie, une grande pérennité
dans lensemble de ses structures. Dit autrement : le bon sens
nous a appris à connaître la trame, à en connaître
les mécanismes et en deviner les écheveaux, sans même
les avoir forcément vu. Car la trame se répète ;
car la trame est faite de ces répétitions ; car une
des natures les plus manifestes de la trame est de respecter les lois
quelle nous présente. Voilà pourquoi, on peut connaître
la réalité. Voilà pourquoi les connaissances sont
réalités. Ce sont ces habitudes et cette confiance issue
du bon sens qui nous permettent de vivre tous les jours sans avoir à
tout analyser, à tout observer en permanence. La trame est organisée
selon un modèle rigoureux. Elle respecte ses lois. Elle est pérenne.
Cest un constat du bon sens. Cest un constat fondammental.
La permanence des lois, la répétition constante des figures
qui se dessinent dans la totalité des objets nous permettent de
savoir sans voir.
Un
remarque souvent négligée : la réalité de
la trame nous offre un visage de la réalité, mais dans la
trame, il est beaucoup de choses quon ne voit pas. Il semble même
que ce soit la majorité. Le principe dinertie de la trame
nous aide à palier a beaucoup de lacunes de notre perception, de
sorte quil nous suffit de voir assez peu pour en distinguer beaucoup
plus, pour voir la réalité. Même si la réalité
que le voit n'est alors que l'habitude de la réalité que
l'on voit. C'est la pérénnité de la trame qui accrédite
l'authenticité de cette réalité. Nous parlerons abondamment
de la perception elle-même plus tard. Mais dès à présent,
on constate la part importante de la perception dans la réalité.
C'est la pérénnité de la trame qui atteste de la
validité de la perception, car la perception de la réalité
est davantage accumulation que perception directe et instantannée.
Limite
de la pérennité
Mais la pérénnité de la trame possède ses
limites. Et cest un autre principe fondamental qui a aussi été
montré par lhistoire et le bon sens. C'est un principe très
important : il ne faut pas trop présumer de ce quon
ne voit pas dans la trame. Autrement dit, il faut être vigilant
sur ce quon ne voit pas, car linertie de la trame possède
ses limites.
En particulier, la trame nest pas uniforme. Si l'on définit
un lieu de la trame par la présence de certains motifs particuliers.
On pourrait définir cette limite de pérénité
par la tautologie : autres lieux, autres motifs. Cela signifie qu'une
extension de certains motifs hors de leur lieux de connaissances effectives
est un pari délicat. On commet facilement lerreur de surestimer
la pérennité par une généralisation abusive,
c'estl'usage de la logique par exemple. On ne peut affirmer ce qui se
passe à dautres échelles de réalité,
en d'autres lieux. Les principes qui semblent les plus évidents,
les plus généraux peuvent être remis en cause dans
un lieu inexploré de la trame. Nous en avons abondamment parlé
au sujet de la réalité matérielle. Une réalité
quasiment permanente ne peux être généralisée
de façon absolue à toute la trame. En effet, la trame offre
beaucoup de surprises. Il serait bien téméraire et assez
prétentieux de supposer labsolu dun phénomène
dans la trame. En remettant en cause labsolu d'un motif, nous venons
de décrire un enseignement important du bon sens. Nous en donnerons
dautres exemples plus loin.
La
réalité surpasse lidentité
Cela nous conduit à une autre remarque pertinente : la réalité
ne sera pas toujours explicable en terme didentité. Autrement
dit la vie et le bon sens nous apprennent quil existe des zones
de la trame qui sont plus difficiles à condenser en identité
que dautres. Il y a alors deux attitudes possibles :
lhistoire ayant montré que beaucoup de régions obscures
ont pu être décortiquées par lanalyse, certains
en tirent la conclusion que tout peut probablement être analysé
de la sorte (Descartes et le discours de la méthode).
On peut dans une autre perspective penser quil existe bien des lieux
de la trame qui sont beaucoup trop complexes et enchevétrés
pour quil soit possible de les décortiquer en structure de
motifs clairement perceptible. Il peut tout simplement être impossible
de dissocier certains enchevêtrements en identités définies
par des interactions simples.
La première attitude semble osée, parce que le bon sens
nous a appris quen général, il nest pas bon
de trop généraliser (sic).
Quid de la seconde attitude ? La difficulté de percevoir une
explication nest pas la négation de l'existence de cette
réalité. Lhistoire nous la bien montré
pour certain concept qui ont fini par sortir de leur subjectivité.
Mais la science moderne donne comme acceptable de penser que des régions
de la trame sont dune telle complexité et dun enchevêtrement
si élaboré quil ne nous est plus possible de les étudier
en fragments indépendants, mais uniquement en globalité
avec toutes les limites à lobjectivité que cela impose.
En thermodynamique par exemple, l'étude des réalités
locales n'est pas suffisante pour rendre compte du comportement complexe
global (structure dissipative). A partir du moment où on observe
une réalité, des liens peuvent toujours être mis en
évidence...puisqu'on voit des choses. Mais cela ne suffit pas nécessairement
pour rendre analysable le comportement global.
Dans ce genre de situation complexe ou confuse, il est préférable
de ne pas être trop prétentieux sur les affirmations de réalité,
de ne pas fonder trop despoir sur une analyse trop partielle, dattendre
quune explication ait rendu des conclusions claires et pleines de
bon sens avant dêtre acquis au rang de connaissance fiable.
Faut-il alors ne pas se préoccuper de ces parties confuses de la
trame où l'on ne peut construire de connaissance solide (on peut
penser aux sciences humaines) ? Ce serait une erreur pour la connaissance,
ces parties de la trame sont tout aussi réelle. C'est leur organisation
qui est confuse. La conquête de ces réalités sont
plus difficile, voire inaccessible. De plus il est impossible de connaître
à lavance ce qui est impossible à connaître.
Lespoir de parvenir à la compréhension donnera la
volonté de percer les mystères, mais pas forcément
la faculté.
La
vie et le réel
Par ailleurs lanalyse qui consiste à expliquer les relations
de la trame ne sont pas une nécessité au vécu de
la trame, et cela le bon sens le clame de toute son histoire : qui
prétendrait expliquer sa vie ? Donner la primauté à
lanalyse pour conduire son vécu est un non-sens. La vie et
le réel ne consistent fondamentalement pas en leur analyse. La
réalité de la trame est principalement indépendante
de cette analyse.
Voici donc remise à sa place la valeur de la raison et en parallèle
« la valeur » (la réalité) de la subjectivité
apparaît avec toute sa réalité. Lart, la vie
individuelle et tout ce qui ne repose pas sur lanalyse et la raison
possèdent une valeur certaine : leur réalité
est fondée dans la complexité et linaccessibilité
par la raison .
Il est évident alors quil y a de la place pour la fantaisie
et même pour la bêtise, mais il revient à chacun de
rechercher ou non le sens de sa vie, de décider comment faire évoluer
son bon sens. Et si pour linstant nous avons établi la réalité
des choses, nous navons encore pas donné de réel jugement
de valeur morale.
La réalité de lart comme étant inacessible
à la raison, nest pas une validation de sa valeur morale.
La morale, le bien, le mal est un problème qui dépend fondamentalement
du sens de la vie.
Ethique
de la connaissance
Par contre, il convient détablir une éthique de la
connaissance : la connaissance consiste à faire apparaître
un ensemble didentités dont les interactions grossières
sont clairement définies. Et il me semble que le bon sens et lhistoire
ont montré que certain principes ont apporté le succès
dans cette démarche. Bien sûr ces principes ne doivent pas
être abusivement généralisés.
Cest en particulier le cas de la classification : si la classification
a permis daugmenter la connaissance en clarifiant des concepts et
en distinguant des identités. Il me semble quaborder la connaissance
par une méthode de classification systématique est un travers
de pérennité non redondante dans la trame. Il faut classer
ce que la trame classe, il ne faut pas classer ce dont la classification
nest pas manifeste dans la trame.
Evidemment, la communication suppose la simplification et le fait de classer
naltère en rien la réalité, on pourra donc
supporter un excès de classement par la nécessité
de la communication. Ce que je remets en cause, cest la volonté
de découvrir une classification systématique dans la trame,
alors que cette classification ny est souvent pas. Maintenant, quand
la valeur de ces classifications est expressément posée
comme un avantage de communication et non comme une recherche de réalité,
cela permet une approche qui se justifie, dans une certaine mesure. Car
la classification conduit à une perception didentité.
De façon générale, on peut remettre en cause la généralisation
abusive de tout principe de succès qui a permi lextension
de la connaissance (et sans doute même cette généralisation).
Chaque principe à ses limites ; limites à trouver par
lexpérience et la compréhension de lensemble.
Cest le cas pour la classification , labstraction, labsolu,
et aussi pour la logique.
Vu que la connaissance consiste en la recherche des identités accessibles
qui se dessinent dans la trame, il est aisé, vu la subjectivité
de la perception, détablir des identités à
volonté, comme on décrirait des formes dans les nuages.
C'est un défaut fréquent dans la démarche de la connaissance
que détablir rapidement des identités puis de les
étudier ensuite. Dans ce chemin, la science peut devenir complètement
subjective et sortir de son objet qui est la connaissance objective. Comme
nous lavons déjà soulevé lexistence dinteractions
nest pas suffisant à lanalyse dune identité.
Il me semble que la valeur dune bonne démarche scientifique consiste
dabord à bien définir les identités objectives.
Cest pourquoi la science repose sur lobservation de la trame,
avant toute analyse. Il ne faut pas que la recherche des mécanismes
soit artificielle et forcée par rapport à des identités
choisies trop subjectivement. Maintenant, on comprendra que la définition
des identités est toujours gratuite de prime abord et donc, que
lessentiel de la communication se fera sur la pertinence de linteraction
des identités. Mais il me semble quil existe un dérapage
fréquent : celui daccorder davantage de regard aux interactions
quaux identités qui se dessinent. Cela conduit à lacceptation
dune science subjective et éloignée du réel,
une science analytique séloignant du sens. Lanalyse
est un propre de la science qui ne doit pas être négligé,
mais elle ne suffit pas. Lanalyse a dailleurs la facheuse
tendance à faire perdre de vue la globalité. Cest
donc avec un regard vigilent est toujours centré sur la réalité
que doit être pratiqué la science, lobjectif étant
lintégration dans la globalité.
Conclusion
Nous avons maintenant accompli un pas supplémentaire dans la perception
de la réalité. Vu la subjectivité de cette description,
un logicien pourrait demander davantage de pertinence à notre définition
de la réalité. Mais comme le critère de jugement
est le bon sens, lélément de pertinence est bien davantage
la cohérence globale que lexplication technique. Pour voir
la réalité, la perception des condensations principales
vaux mieux quun grand laïus sur ses conséquences.
Ainsi je renverse une démarche courante de la fondation de la réalité
: la démarche de la connaissance du réel ne consiste pas
en une analyse du détail pour parvenir au global (qui se trouvera
ainsi porter par une réalité plus fine), mais en une analyse
du global et du particulier pour parvenir au détail qui se trouvera
alors affiner dans ses formes. Cest dailleurs la démarche
historique la plus fréquente de la science. La naïveté
globale cède place à une science toujours plus affinnée
qui n'a jamais remis en cause toute les perceptions du passée (parfois
il existe cependant des ruptures importantes).
Dans
cette perspective, il me semble nécessaire de remettre l'accent
sur lun des principes importants de la trame qui est difficiles
à percevoir, car il sexprime négativement : cest
le fait de ne pas présumer de ce qui est hors de notre perception,
le fait de ne pas généraliser en-dehors du cadre dessiné
par le bon sens. Le principe dinertie semble tellement ancré
dans notre bon sens quon oublie facilement les limites de cette
inertie. Les exemples conservés par lhistoire ont montré
à quel point notre confiance en linertie est trop grande.
Cette confiance est naturelle (à cause de l'inertie qui est un
fait authentique), mais elle devrait être tempérée
par lexpérience et la connaissance de ses limites. Il est
curieux de constater que cest souvent linverse, on s'emballe
facilement pour la généralisation (quid de ma démarche...).
Pour ne citer que lui, on peut rappeler lexemple de la révolution
copernicienne qui a délogé la terre du centre de lunivers
en le faisant tourner autour du soleil. Cette conception était
si manifestement contraire au principe danthropocentrisme quelle
sest très difficilement intégrée au bon sens.
On peut aussi énoncer toutes ces transformations radicales issues
de la physique, redéfinissant tant de concepts classiques :
la notion dinstant et de simultanéité, la notion de
matière, le temps lespace. Toute ces ruptures me semblent
proprement remarquables dans le bouleversement des évidences et
de la pérennité de la trame. Mais il en est encore beaucoup
d'autres.
En conclusion, on peut dire que la notion de bouleversement ou de rupture
est fondamentale.
Maintenant, ce serait un tort den faire une nouvelle norme, de généraliser
« labsence de généralisation »
et davoir une recherche spécifiquement porté sur l'attent
du bouleversement. La conscience du bouleversement ne doit pas nous conduire
à un systématisme de la révolution. Le bon sens nous
invite à léquilibre de la globalité. Le bouleversement
ne doit résolument pas être considéré comme
permanent, mais il doit avoir sa place en nous, comme une possibilité
sur les chemins encore inexplorés. Mais mon bon sens ne doit devenir
borné et rigide dans aucune direction. La pérennité
simpose majesteusement dans la trame, les terrains inexplorés
reservent probablement des surprises. Mais lesprit ouvert aux transformations
doit se confier dans le bon sens de la pérennité car c'est
un fondement de la trame. Voilà une leçon de bon sens, un
équilibre entre pérénité et rupture dans les
places que notre connaissance leur a formées.
Il existe encore bien d'autres cohérence qui peuvent être
établi entre l'image de la trame et l'histoire de la connaissance
fiable, mais à partir des quelques traits grossiers que nous avons
apporté ici, on se fera une idée de la pertinence de ce
concept.
La Science est recherche de la réalité objective partageable.
Le sens est le ressenti instantanné d'un tissu organisé
de concepts formant une unité cohérente liée à
la totalité de nos aquisitions (qui sont pour chacun un autre sens).