Théorie de la connaissance en bref

Cette partie est une simplification très importante de la théorie ultérieure. Elle se présente comme une première ébauche utile à tous parce qu'elle pourra servir de colonne vertébrale permettant une approche plus fine de la forme plus détaillée (mettons en pratique la pédagogie de la trame : du plus grossier au plus fin). Les détails ultérieurs seront utiles pour répondre aux nombreuses questions incontournables qui s'attachent à une telle théorie.

1 - Le Concept : cellule de base
La pensée ressemble à un film qui se déroule, continu et discontinu à la fois. On se fera une bonne idée de ce qu'est " un concept " en considérant que chaque image de ce film intérieur, chaque impression, chaque état de conscience est un concept. Toutes nos impressions mentales d'un instant, au sens le plus large qu'on puisse imaginer, se succédant tour à tour, sont des concepts. Et ils seront tous différents, car chaque instant est l'instant de création d'un nouveau concept.
Ces état mentaux seront expliqués par un mécanisme qui à chaque instant va créer une nouvelle cellule qui " stockera " l'état mental de l'instant présent. Ainsi " état mental ", " concept " ou " cellule " seront employés de façon synonymes.

2 - Les associations
Les cellules seront reliées entre elles par des associations du bas vers le haut : chaque nouvelle cellule sera le sommet d'un branchement de plusieurs cellules anciennes vers elle. Ainsi, ce sera ces associations qui vont fabriquer le sens des concepts, le contenu des états mentaux.
Ainsi est définie la seule opération possible sur le sens, une sorte de " somme " : chaque cellule sera tout simplement dotée du sens qui provient des cellules en dessous.
Donnons un exemple caricatural. Imaginons que plusieurs concepts contiennent les sens suivants : " transparent ", " froid " " dur ", " mouillé ", " cubique ", " petit ". Si ces concepts sont tous branchés par des associations vers une nouvelle et même cellule-fille, le concept que contiendra cette cellule sera assez proche du concept de " glaçon ".

En pratique aucun contenu ne pourra être aussi simplement résumé par un mot, il seront nettement plus élaborés, abstraits. Dans cet exemple, il ne faut pas s'arrêter sur les mots, mais sur les impressions produites par chacun de ces mots. Nous avons ici, la base du mécanisme de construction du sens. De proche en proche, tout sens sera construit sur ce principe.
Pour que tout cela puisse s'expliquer mécaniquement, il faudra que chaque association transporte des informations ; des informations qui ne contiennent pas du " sens ", mais qui permettent de faire fonctionner la mécanique (pour établir les connexions et bien d'autres choses encore).

3 - Les cellules primitives
Puisque le sens est ainsi construit comme des pyramides, pour pouvoir exister, il faut que toutes ces cellules reposent sur un socle bien réel de sens. Ce socle, ce sont les cellules sensitives de la perception.
Autrement dit les concepts les plus simples qui puissent être ressentis sont les concepts des sens perceptifs. (C'est un petit peu plus compliqué quand on détaille). Ces concepts vont s'associer de proche en proche vers d'autres concepts toujours plus complexes, toujours plus " abstraits ".

4 - Vide de Sens
Pour simplifier, on va supposer qu'au départ un nourrisson ne possède aucun autre concept que les cellules sensitives de base. Les premières choses qu'il ressent seront des concepts purement sensitifs.
Mais à chaque instant, les cellules " les plus stimulées " vont être raccordées en groupe sur une nouvelle cellule. Ainsi, à chaque instant, une nouvelle cellule produira la " sensation " en un seul instant de tout ce que l'enfant perçoit d'essentiel : au départ ces regroupements seront très " sensitifs ".
En suivant cette logique, on imagine que très vite chaque cellule sensitive sera associée à des millions de concepts au dessus d'elle. Mais ce n'est pas ce qui se passera, parce qu'un nouveau mécanisme intervient : la perception.

5 - Construction de la perception
A chaque fois qu'une cellule sensitive est stimulée, elle émet une information (un flux) vers le haut dans toutes les cellules raccordées à elle. Le principe de la perception réside alors dans cette remarque : si une cellule " supérieure " reçoit un flux de toutes les cellules inférieures qui lui sont raccordée, elle fait " Tilt " ; elle se trouve stimulée à son tour. Cela signifie qu'une information déjà perçue (car la connexion existe) a cette fois-ci été " reconnue ". Les cellules qui ont servi à la fabrication étant à nouveau stimulée, cela produit la stimulation de la cellule. On a donc une reconnaissance de la perception fondée sur la similarité des sensations.
La cellule supérieure ayant été stimulée, les cellules inférieures ne seront plus les " cellules stimulées ", ce sera la cellule supérieure qui le sera à leur place. Donc pour la prochaine nouvelle construction d'une cellule, ce ne sera plus les cellules inférieures qui seront associées, mais la cellule supérieure. Ainsi, le nouvel état de conscience ne sera plus construit à partir de cellules directement sensitives, mais à partir de regroupement de sensations.
En associant plusieurs cellules sensitives vers une cellule supérieure, on a créée une " abstraction ", une sensation qui regroupe plusieurs sensations. Tout l'intérêt du mécanisme consiste alors à remarquer que cette abstraction réagit exactement comme les cellules de bases. Si elle est stimulée, elle sera utilisée pour être regroupée plus haut. Et la stimulation se fait automatiquement à partir des sens perceptifs par les canaux déjà associés vers cette cellule, aucune analyse n'est nécessaire.
De proche en proche, il se crée ainsi de très nombreux étages de pyramide, des abstractions toujours plus hautes qui " reconnaissent " des stimulations de plus en plus complexes par regroupement de " petites abstraction". Les contenants deviennent tour à tour les contenus. C'est la nature du sens.
Au résultat, on trouve un principe fondamental de ce modèle : la valeur sémantique (le sens ressenti) contenue dans une cellule est tout simplement donné par la morphologie du réseau d'association qui aboutit sur cette cellule. Le sens de cette cellule est donc le sens total de tout le réseau qui est en dessous d'elle. On comprend alors la profondeur insondable d'une perception très abstraite.
Il y a dans cette proposition un sous-entendu philosophique important : tout état de conscience ressenti est originairement issu des cellules sensitives. Mais nous verrons plus tard que les " ressentis " se développent eux-mêmes en une vie intérieure propre qui ne repose plus sur la seule reconnaissance de perception.

6 - Souvenir et analyse
Les souvenirs donne une bonne idée de ces associations. En effet, en faisant quelques efforts de mémoire pour se souvenir d'un événement passé, il nous vient beaucoup de détails liés à ce souvenir : le son des voix, l'aspect des lieux, les odeurs, l'ambiance extérieure, notre propre sentiment psychique, etc... Autrement dit, chaque souvenir se détaille en plein de petits souvenirs.
De même, selon le schéma que nous proposons sur la nature du sens, chaque concepts pensé peut être analysé selon une multitude de sous-concepts possibles qui y sont contenus. On confirme ici l'idée de forme pyramidale du sens.

7 - La mémoire
La durée de vie d'une cellule n'est pas éternelle. Au bout d'un moment, les cellules disparaissent. C'est l'explication de la mémoire des choses qui ne dure pas toujours. C'est un mécanisme de nettoyage automatique. Mais la durée de vie n'est pas uniforme. J'appelle ce mécanisme la rémanence des cellules.
La rémanence d'une cellule est fonction de son utilisation et son degré de sa stimulation initiale. Les cellules créées avec une forte stimulation dureront plus longtemps et les cellules utilisées souvent dureront plus longtemps. Les cellules utilisées sans cesse dureront même à vie (les bases du langage par exemple).
Quand une cellule disparaît, on peut proposer qu'un mécanisme " résout " ses associations entre les étages situés en dessous et au dessus d'elle. Autrement dit, le contenu sémantique (qui se perçoit géométriquement ici) n'est pas forcément complètement perdu ; le liens de sens les plus forts peuvent subsister.
Ceci est une version très simplifiée du modèle, mais elle permet de comprendre que la mémoire est, en quantité, la partie la plus importante de la pensée. Et cette mémoire ne revient jamais directement à la conscience. C'est une nouvelle cellule branchée sur le souvenir qui fera resurgir la mémoire de ce souvenir.

8 - Les contextes
Comment se fait-il qu'en regardant un livre fermé, on puisse se concentrer selon notre désir sur la forme du livre, sur la couleur du livre, sur la forme des lettres du titre, sur le sens porté par ce titre, etc... En regardant les mêmes perceptions sensorielles, les sensations perçues peuvent être complètement différentes de contenu sémantique. Pour comprendre cela, il faut décrie le phénomène des " contextes " qui intervient dans la perception.
Nous avons dit que le flux de perception stimule des cellules du bas vers le haut selon les " Tilts " locaux. On appellera ces Tilts des résonances.
A l'intérieur de chaque cellule existe un paramètre " force de contexte ". La liberté qui existe dans la perception s'explique en comprenant que la " résonance " est nettement renforcée par une " force des contextes " dans les cellules traversées. Le flux qui se dégagera vers le haut sera alors d'autant plus fort. Ainsi, le mécanisme des contextes va influencer le parcours des flux de perception en gonflant l'influence des concepts qui possède un contexte fort. Autrement dit, les choses extérieures seront perçues en fonction de l'activation de certains contextes mentaux qui va diriger la valeur sémantique perçue.
Par ailleurs, ce mécanisme explique aussi la continuité de la conscience qui se construit en permanence sur des concepts sémantiquement proches. Notre pensée n'est pas sémantiquement décousue, mais suivie, dans l'ensemble.

9 - La synthèse
Pour expliquer de nombreuses capacités mentales, il faut ajouter le mécanisme de " synthèse ". On pourrait dire que ce mécanisme complètement automatique sera l'intelligence de base du système.
Voilà le fonctionnement de ce mécanisme : supposons un enfant en train de manger des navets. L'enfant a suivi le parcours de ces objets qui ont été achetés le matin même au marché ; ils étaient d'ailleurs plein de terre sur l'étale du vendeur. On peut dire alors qu'au concept " navet " (non pas le mot, mais la recherche de compréhension de ce qui est dans l'assiette) sera associé (en dessous) les concepts déjà connus " se vend sur le marché ", " se mange salé ", " se cultive dans la terre ".

Voici alors le mécanisme de synthèse : à toute création d'un nouveau concept, ce mécanisme consiste à rechercher les " frères sémantiques ", c'est-à-dire les concepts qui ont les mêmes ancêtres. L'enfant trouvera par exemple que " chou ", " patate ", " poireau " et " carotte " possèdent ces mêmes ancêtres. Alors juste après la création de la cellule " navet " sera créé un concept synthétique qui ressemblerait à " légume " (mais en très abstrait, bien sûr). Tout cela se passe à l'insu de l'enfant. Autrement dit il y a création de cellule sans que l'enfant en soi conscient. Et l'on découvre là un autre principe : la conscience ne naît que dans certaines cellules créées.

10 - L'usage incessant
Les concepts qui sont très régulièrement et abondamment traversés par des flux de perception ont un destin un peu particulier. Ils sont forcément très importants en force de contexte, en rémanence. Il sont donc très stables et leurs associations (supérieures et inférieures) présentent un débit important et rapide. Il existera forcément beaucoup de concepts qui leur seront supérieurs. Mais paradoxalement, le nombre important de concepts supérieurs les voue à n'être jamais plus des cellules associées à une nouvelle perception. Pourquoi ? Parce que 'tous' les regroupements de concepts supérieurs se sont déjà produits.
Le flux de perception trouvera donc toujours résonance dans les cellules supérieures et jamais dans ces cellules qui ne seront donc plus associées à de nouvelles cellules supérieures. Ainsi, ces " concepts autoroutes " jouent essentiellement un rôle de canal perceptif. Comme ils ne se connectent plus au-dessus, il ne parviennent plus à la conscience pour eux-mêmes. Cela à pour but d'expliquer qu'il est difficile de " ressentir " les sensations des concepts basiques (ou les concepts sensitifs de bases). Des exceptions sont à prévoir, par exemple la douleur qui est un sentiment perceptif de base peut se ressentir facilement, on comprendra pourquoi.

11 - Les chaînes d'ordres
Jusqu'ici nous avons expliqué comment se déroule la perception, maintenant il va falloir expliquer comment se déroule l'action.
De façon très caricaturale, on peut dire que c'est un peu le même processus, mais à l'envers. Chaque " ordre " produisant une action sera donné depuis une seule cellule et s'effectuera en se démultipliant vers le bas dans des " chaînes d'ordres " jusque vers les " bases des ordres " qui seront le déclenchement de cellules musculaires.
Un ordre sera déclenché dans une cellule d'ordre créée spécialement pour chaque ordre nouveau. Les ordres comme les perceptions sont de nature très abstraite (construits les uns au-dessus des autres). Par exemple observons le destin d'un ordre comme " je vais acheter du pain ". Un mécanisme va décomposer cet ordre en autant de sous-ordres nécessaires qu'il faut pour effectuer la tâche. Les uns derrières les autres ou en même temps, les ordres vont s'accomplir selon un mécanisme de décomposition en tâche intermédiaires. Pour caricaturer la décomposition, on pourrait dire que le premier sous-ordre sera " rejoindre ma voiture ". Ensuite " me lever de cette chaise ", puis " rejoindre la porte en marchant " etc. Des milliers et des milliers de sous-ordres seront nécessaires pour manœuvrer chaque muscle en temps voulu dans une coordination pratiquement parfaite. Mais on comprend bien que la manipulation des muscles est située très en dessous des ordres abstraits initiaux. L'action des muscles sont les ordres situés en bas de chaque chaîne d'ordre.
Pour bien percevoir le mécanisme, il faut comprendre qu'à partir du moment où j'ai donné un ordre, toute la décomposition et l'exécution peuvent être réalisées dans un complète inconscience. Je peux chercher mon pain en me concentrant complètement sur un thème de philosophie, sans même réaliser tout ce qui se passe en moi dans l'exécution de cet ordre (et je suis spécialiste en la matière).
Cela étant assimilé, il est facile de comprendre l'immense importance de la perception dans le déroulement de chaque ordre. A chaque instant c'est la perception qui va ajuster les ordres à effectuer : suivant que la porte est fermée ou ouverte, les chaînes d'ordres déclenchée ne seront pas les mêmes. Si elle est fermée, un sous-ordre sera 'ajouté' pour l'ouvrir. Je dirige ma marche en fonction des objets dans la pièce, je n'en suis pourtant pas conscient. L'analyse fine de la marche humaine, nous fait comprendre que les corrections musculaires sont permanentes et très anticipées. La marche est un jeu d'action-perception immensément précis.
Mais il y a plus encore, c'est la notion même d'" ordre " qui a besoin de perception pour exister. En effet, comment puis-je comprendre que j'ai besoin d'ouvrir la porte pour rejoindre ma voiture ? C'est parce qu'il existe en moi une perception qui comprend cette évidence implacable. C'est très instinctif, très loin d'être formalisé, mais cela doit être perçu. Ainsi, c'est une perception et non un ordre qui me fait comprendre que cette porte est un obstacle à franchir pour atteindre ma voiture. En fait , chaque ordre naît forcement d'une perception ; il en est de même pour la décision de chercher mon pain.

12 - Besoin-satisfaction
Dans notre système le " besoin " n'est pas (seulement) une notion conceptuelle, c'est un mécanisme de fonctionnement du système. Le " besoin " est un flux d'information qui circule dans les associations (comme pour la perception) et qui s'imprime dans les cellules stimulées par ce flux. Le flux est déclenché par certaines cellules (les cellules douloureuse par exemple) et se propage avec la perception.
Au final, certaines perceptions seront imprimé par à un " besoin ". Ce besoin est le mécanisme qui exprime une " nécessité d'action ". (Une douleur nécessité la cessation de la douleur).
En fait, c'est toute la création des ordres qui repose sur ce mécanisme : un ordre est crée quand une cellule de perception est " touchée par un besoin ". C'est le déclencheur de la création d'un ordre qui a pour objectif de répondre à ce besoin. On comprend alors que chaque cellule d'ordre est complètement solidaire d'une cellule de perception, celle qui a ressenti le besoin.
Quand l'ordre aura exécuté la chaîne d'ordre qui permet de satisfaire le besoin, il va se créer un nouveaux flux : un flux de " satisfaction " dont la force sera d'autant plus grande que l'exécution de l'ordre aura " satisfait " le besoin. La satisfaction d'un besoin est mesurée à la satisfaction de tous les sous-ordres. Plus l'ordre donné aura produit un flux de satisfaction important, plus l'ordre associé à la cellule de besoin sera rémanent et donc facile à retrouver pour une réutilisation ultérieure (dans une chaîne).
Ainsi le couple besoin-satisfaction est la dynamique de base qui crée les ordres et les mémorise. Mais tout cela semble tellement élevé en abstraction qu'on est en droit de s'interroger sur la mécanicité d'un tel système. Par exemple, comment se peut-il qu'un ordre soit trouvé pour répondre à un besoin ?

13 - Construction d'une chaîne d'ordre
Nous ne donnons ici qu'un aperçu très grossier de ce mécanisme un peu complexe. En quelques phrases, tout commence quand un ordre est déclenché automatiquement à la perception d'un flux de besoin. Cette création d'ordre produit un mécanisme de " recherche des ordres déjà existants " pour trouver l'ordre dont la " sémantique " est celle qui correspondra le mieux aux besoin. Il peut y en avoir plusieurs et la force des contextes sera influente pour le choix. Ainsi un ordre sera exécuté en accomplissant l'ordre le plus proche (ou les ordres les plus proches). Cela permet de comprendre que les ordres sont de nature " abstraite ". Ils se fixent les uns au dessus des autres dans des abstractions (en parallèle avec la perception qui est le lieu de la recherche sémantique).
Il faut bien comprendre que le déclenchement d'un sous-ordre naît d'une perception. Ainsi la réalisation de l'ordre est complètement subordonnée à la perception. D'ailleurs la " chaîne " de sous-ordres parcourue dépendra complètement des perceptions. C'est la perception qui déclenchera le sous-ordre le plus adapté pour répondre à toute la hiérarchie des besoins supérieurs, qui est toujours activée. En fait, il existe une analyse des conséquences des ordres par la perception qui est déterminante pour choisir l'ordre en fonction de l'anticipation de son résultat.
Autrement dit, c'est toujours le " meilleur " ordre déjà existant qui sera utilisé, jusqu'à satisfaction complète de tous les ordres. Et la satisfaction sera complète quand le flux de besoin disparaîtra et que le flux de satisfaction des sous-ordres le remplacera. Le nouvel ordre sera alors enregistré comme valable pour la cellule de perception qui l'a déclenché. Cette cellule deviendra alors son " déclencheur automatique " dans une réutilisation ultérieure (mais cette fois-ci en tant qu'ordre subalterne).
On trouvera beaucoup plus de détails de ce mécanisme complexe dans la présentation complète du modèle.

14 - La conscience
Quand on considère toute la partie inconsciente de la perception (tout le parcours de la pyramide inférieure) et des ordres (tout la construction de la chaîne d'ordre), on constate que ce qui se déroule dans notre être conscient n'est que le sommet d'une vague dont l'activité sous-jacente est immense. Seules les cellules les plus stimulées parviennent à la conscience qui surfe sur des cellules terminales (des sommets provisoires).
Mais dans notre système, la conscience ne fait pas seulement que " percevoir ", elle possède un autre rôle important qui consiste à venir se mêler :
· des ordres importants (ceux dont le flux de besoin est fort),
· des " ordre contradictoires "
· ou encore des " ordres relativement importants qui ne trouvent pas de sous-ordres comme réponse ". (Ils produiront une stimulation forte qui fera donc venir la conscience)
Sans détailler techniquement ces notions et leur déroulement, on peut comprendre que la conscience va lancer des " recherches " d'ordres beaucoup plus profondes que dans une activité automatique (une réflexion beaucoup plus étendue en étages de concepts) pour trouver une solution.
Si l'on ne veut pas s'être trompé sur le contenu de la conscience, il faut bien comprendre que la conscience ne ressent jamais deux fois les mêmes choses qui sont toujours ressentis dans une nouvelle cellule (et dans un nouveau contexte qui lui est en général associé). Il faut ainsi comprendre que les mots à "sémantique stable " sont des impressions dues à l'usage fréquent de certains concepts. On devrait donc plutôt parler de " zones sémantiques stables ". Cela a pour conséquence notre incapacité totale de parler précisément d'un concept de la pensée. Chaque concept est le sommet d'un sens immense et inaccessible. C'est pourquoi, il n'est possible d'exposer le modèle que par des exemples très caricaturaux. En pratique, chaque pensée étant différente, il est impossible d'en rendre compte en précision. Cela va même plus loin, il est assez logique de comprendre qu'aucun mot n'est enfermable dans une zone sémantique " fixe ". Chaque contexte va influencer le sens d'un mot. Et l'on trouve ici, la difficulté de s'appuyer sur les mots pour produire une logique naïve. Cette mouvance de fond est un des grands problèmes de la philosophie qui cherche à prendre un appui stable sur les mots.

15 - La réflexion
Jusqu'ici, on arrive à comprendre comment la pensée peut percevoir, lancer un ordre en réaction à un besoin. Mais il faut encore pouvoir expliquer comment la pensée crée l'intelligence, les raisonnements, les analyses qui peuvent être très complexes et profondes.
Il est évident que nous ne pourront pas en rendre compte, il faut commencer par comprendre que la construction des perceptions peut devenir complètement autonome : le cerveau peut se mettre à raisonner seul, purement " de l'intérieur ". Il le peut parce qu'il est possible de construire du sens " à l'intérieur " en stimulant lui-même des cellules en l'absence de toute perception (notamment lors des recherches de sous-ordres). Se rappeler d'un souvenir correspond à un ordre, mais la nouvelle cellule qui perçoit le souvenir, en se connectant au dessus de l'ancienne (qui conservait le souvenir), produit un nouveaux sens purement intérieur à partir de ce qui est déjà emmagasiné. Les phénomènes de recherches, qui consistent à chercher les perceptions et les ordres les plus adaptés, correspondent à une activité purement intérieure. A partir du moment où des concepts " abstraits " sont créés, il vas se créer des " besoins abstraits ". On comprend alors que cela conduit à une activité purement intérieure. Pensons à la philosophie ou aux mathématiques qui réfléchissent sur des concepts logiques issues d'une longue éducation. On comprend alors que cette " activité intérieure " est l'essentiel de nos ordres initiaux : nos ordres conscients sont la plupart du temps très abstraits.
Dans le domaine de la réflexion et de l'intelligence, on peut s'arrêter sur un mécanisme élémentaire très important : c'est le mécanisme que j'appelle " la transposition ". La transposition est la capacité d'appliquer une méthode mentale dans un contexte différent de celui qui a trouvé la méthode. Dans une analyse grossière, cette technique est directement issue de l'appropriation d'un sous-ordre par un ordre initial. Mais la grande difficulté consiste à comprendre comment notre esprit parvient à comprendre que ce sous-ordre sera efficace, alors que le contexte est complètement différent (les sémantiques étant éloignées, il n'y a pas de raison que ce sous-ordre soit trouvé). La réponse est dans " l'abstraction " : pour trouver une méthode ailleurs, il faut que l'esprit perçoive des abstractions commune aux contextes. C'est le mécanisme de synthèse qui produit ces abstractions, ces ressemblances sur des zones sémantiques différentes. C'est aussi la conscience, avec sa capacité de produire des recherches approfondies, qui va permettre la " capture " de ce sous-ordre en trouvant des abstractions communes.

16 - Aperçu
Nous avons produit là un petit aperçu rapide de notre théorie de la pensée. Il faudrait rentrer beaucoup plus dans les détails pour réaliser comment certaines affirmations sont possibles d'un point de vue mécanique. La mécanicité était un objectif primordial de notre modèle : pour éviter les envolées lyriques, tout le modèle a été construit de façon à pouvoir être programmé sur support informatique.
Ce modèle soulève de nombreuses questions philosophiques par l'impact qu'il a sur toutes les questions qui s'intéressent au sens, à la perception, à la réalité, à la pensée, au langage.
Mais il est aussi des questions portant sur le modèle lui-même, comme la nature de la conscience ou la liberté. Il faudrait aussi expliquer comment tout cela est compatible avec nos connaissances sur le cerveau, ce qui est loin d'être évident. Il y a beaucoup de questions qui se posent sur ce sujet.
Toutes ces questions, le détail des explications mécaniques, mais aussi une approche plus précise des concepts essentiels sont apportés dans la version détaillée (mais elle aussi reste très incomplète).
Il me faut rappeler que cette théorie consiste d'abord à produire une tentative d'explication mécanique de la pensée. Ainsi, le modèle n'est pas fiable en lui-même, c'est l'approche qu'il suggère qui est à considérer. La question principale à la suite de ce modèle est celle de sa pertinence. Le modèle produit-il une cohérence satisfaisante par une telle approche. Bien sûr, je ne saurais trop encourager à approfondir les questions qui se posent en ayant recours à la version plus complète et plus nuancée.

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Michaël Klopfenstein © 2007



La trame une image de la réalité.


Un regard philosophique sur Les mathématiques


La Science est recherche de la réalité objective partageable.

Le sens est le ressenti instantanné d'un tissu organisé de concepts formant une unité cohérente liée à la totalité de nos aquisitions (qui sont pour chacun un autre sens).