Cette partie est une simplification très importante de la théorie
ultérieure. Elle se présente comme une première ébauche
utile à tous parce qu'elle pourra servir de colonne vertébrale
permettant une approche plus fine de la forme plus détaillée
(mettons en pratique la pédagogie de la trame : du plus grossier
au plus fin). Les détails ultérieurs seront utiles pour
répondre aux nombreuses questions incontournables qui s'attachent
à une telle théorie.
1
- Le Concept : cellule de base
La pensée ressemble à un film qui se déroule, continu
et discontinu à la fois. On se fera une bonne idée de ce
qu'est " un concept " en considérant que chaque image
de ce film intérieur, chaque impression, chaque état de
conscience est un concept. Toutes nos impressions mentales d'un instant,
au sens le plus large qu'on puisse imaginer, se succédant tour
à tour, sont des concepts. Et ils seront tous différents,
car chaque instant est l'instant de création d'un nouveau concept.
Ces état mentaux seront expliqués par un mécanisme
qui à chaque instant va créer une nouvelle cellule qui "
stockera " l'état mental de l'instant présent. Ainsi
" état mental ", " concept " ou " cellule
" seront employés de façon synonymes.
2
- Les associations
Les cellules seront reliées entre elles par des associations du
bas vers le haut : chaque nouvelle cellule sera le sommet d'un branchement
de plusieurs cellules anciennes vers elle. Ainsi, ce sera ces associations
qui vont fabriquer le sens des concepts, le contenu des états mentaux.
Ainsi est définie la seule opération possible sur le sens,
une sorte de " somme " : chaque cellule sera tout simplement
dotée du sens qui provient des cellules en dessous.
Donnons un exemple caricatural. Imaginons que plusieurs concepts contiennent
les sens suivants : " transparent ", " froid " "
dur ", " mouillé ", " cubique ", "
petit ". Si ces concepts sont tous branchés par des associations
vers une nouvelle et même cellule-fille, le concept que contiendra
cette cellule sera assez proche du concept de " glaçon ".
En
pratique aucun contenu ne pourra être aussi simplement résumé
par un mot, il seront nettement plus élaborés, abstraits.
Dans cet exemple, il ne faut pas s'arrêter sur les mots, mais sur
les impressions produites par chacun de ces mots. Nous avons ici, la base
du mécanisme de construction du sens. De proche en proche, tout
sens sera construit sur ce principe.
Pour que tout cela puisse s'expliquer mécaniquement, il faudra
que chaque association transporte des informations ; des informations
qui ne contiennent pas du " sens ", mais qui permettent de faire
fonctionner la mécanique (pour établir les connexions et
bien d'autres choses encore).
3
- Les cellules primitives
Puisque le sens est ainsi construit comme des pyramides, pour pouvoir
exister, il faut que toutes ces cellules reposent sur un socle bien réel
de sens. Ce socle, ce sont les cellules sensitives de la perception.
Autrement dit les concepts les plus simples qui puissent être ressentis
sont les concepts des sens perceptifs. (C'est un petit peu plus compliqué
quand on détaille). Ces concepts vont s'associer de proche en proche
vers d'autres concepts toujours plus complexes, toujours plus " abstraits
".
4
- Vide de Sens
Pour simplifier, on va supposer qu'au départ un nourrisson ne possède
aucun autre concept que les cellules sensitives de base. Les premières
choses qu'il ressent seront des concepts purement sensitifs.
Mais à chaque instant, les cellules " les plus stimulées
" vont être raccordées en groupe sur une nouvelle cellule.
Ainsi, à chaque instant, une nouvelle cellule produira la "
sensation " en un seul instant de tout ce que l'enfant perçoit
d'essentiel : au départ ces regroupements seront très "
sensitifs ".
En suivant cette logique, on imagine que très vite chaque cellule
sensitive sera associée à des millions de concepts au dessus
d'elle. Mais ce n'est pas ce qui se passera, parce qu'un nouveau mécanisme
intervient : la perception.
5
- Construction de la perception
A chaque fois qu'une cellule sensitive est stimulée, elle émet
une information (un flux) vers le haut dans toutes les cellules raccordées
à elle. Le principe de la perception réside alors dans cette
remarque : si une cellule " supérieure " reçoit
un flux de toutes les cellules inférieures qui lui sont raccordée,
elle fait " Tilt " ; elle se trouve stimulée à
son tour. Cela signifie qu'une information déjà perçue
(car la connexion existe) a cette fois-ci été " reconnue
". Les cellules qui ont servi à la fabrication étant
à nouveau stimulée, cela produit la stimulation de la cellule.
On a donc une reconnaissance de la perception fondée sur la similarité
des sensations.
La cellule supérieure ayant été stimulée,
les cellules inférieures ne seront plus les " cellules stimulées
", ce sera la cellule supérieure qui le sera à leur
place. Donc pour la prochaine nouvelle construction d'une cellule, ce
ne sera plus les cellules inférieures qui seront associées,
mais la cellule supérieure. Ainsi, le nouvel état de conscience
ne sera plus construit à partir de cellules directement sensitives,
mais à partir de regroupement de sensations.
En associant plusieurs cellules sensitives vers une cellule supérieure,
on a créée une " abstraction ", une sensation
qui regroupe plusieurs sensations. Tout l'intérêt du mécanisme
consiste alors à remarquer que cette abstraction réagit
exactement comme les cellules de bases. Si elle est stimulée, elle
sera utilisée pour être regroupée plus haut. Et la
stimulation se fait automatiquement à partir des sens perceptifs
par les canaux déjà associés vers cette cellule,
aucune analyse n'est nécessaire.
De proche en proche, il se crée ainsi de très nombreux étages
de pyramide, des abstractions toujours plus hautes qui " reconnaissent
" des stimulations de plus en plus complexes par regroupement de
" petites abstraction". Les contenants deviennent tour à
tour les contenus. C'est la nature du sens.
Au résultat, on trouve un principe fondamental de ce modèle
: la valeur sémantique (le sens ressenti) contenue dans une cellule
est tout simplement donné par la morphologie du réseau d'association
qui aboutit sur cette cellule. Le sens de cette cellule est donc le sens
total de tout le réseau qui est en dessous d'elle. On comprend
alors la profondeur insondable d'une perception très abstraite.
Il y a dans cette proposition un sous-entendu philosophique important
: tout état de conscience ressenti est originairement issu des
cellules sensitives. Mais nous verrons plus tard que les " ressentis
" se développent eux-mêmes en une vie intérieure
propre qui ne repose plus sur la seule reconnaissance de perception.
6
- Souvenir et analyse
Les souvenirs donne une bonne idée de ces associations. En effet,
en faisant quelques efforts de mémoire pour se souvenir d'un événement
passé, il nous vient beaucoup de détails liés à
ce souvenir : le son des voix, l'aspect des lieux, les odeurs, l'ambiance
extérieure, notre propre sentiment psychique, etc... Autrement
dit, chaque souvenir se détaille en plein de petits souvenirs.
De même, selon le schéma que nous proposons sur la nature
du sens, chaque concepts pensé peut être analysé selon
une multitude de sous-concepts possibles qui y sont contenus. On confirme
ici l'idée de forme pyramidale du sens.
7
- La mémoire
La durée de vie d'une cellule n'est pas éternelle. Au bout
d'un moment, les cellules disparaissent. C'est l'explication de la mémoire
des choses qui ne dure pas toujours. C'est un mécanisme de nettoyage
automatique. Mais la durée de vie n'est pas uniforme. J'appelle
ce mécanisme la rémanence des cellules.
La rémanence d'une cellule est fonction de son utilisation et son
degré de sa stimulation initiale. Les cellules créées
avec une forte stimulation dureront plus longtemps et les cellules utilisées
souvent dureront plus longtemps. Les cellules utilisées sans cesse
dureront même à vie (les bases du langage par exemple).
Quand une cellule disparaît, on peut proposer qu'un mécanisme
" résout " ses associations entre les étages situés
en dessous et au dessus d'elle. Autrement dit, le contenu sémantique
(qui se perçoit géométriquement ici) n'est pas forcément
complètement perdu ; le liens de sens les plus forts peuvent subsister.
Ceci est une version très simplifiée du modèle, mais
elle permet de comprendre que la mémoire est, en quantité,
la partie la plus importante de la pensée. Et cette mémoire
ne revient jamais directement à la conscience. C'est une nouvelle
cellule branchée sur le souvenir qui fera resurgir la mémoire
de ce souvenir.
8
- Les contextes
Comment se fait-il qu'en regardant un livre fermé, on puisse se
concentrer selon notre désir sur la forme du livre, sur la couleur
du livre, sur la forme des lettres du titre, sur le sens porté
par ce titre, etc... En regardant les mêmes perceptions sensorielles,
les sensations perçues peuvent être complètement différentes
de contenu sémantique. Pour comprendre cela, il faut décrie
le phénomène des " contextes " qui intervient
dans la perception.
Nous avons dit que le flux de perception stimule des cellules du bas vers
le haut selon les " Tilts " locaux. On appellera ces Tilts des
résonances.
A l'intérieur de chaque cellule existe un paramètre "
force de contexte ". La liberté qui existe dans la perception
s'explique en comprenant que la " résonance " est nettement
renforcée par une " force des contextes " dans les cellules
traversées. Le flux qui se dégagera vers le haut sera alors
d'autant plus fort. Ainsi, le mécanisme des contextes va influencer
le parcours des flux de perception en gonflant l'influence des concepts
qui possède un contexte fort. Autrement dit, les choses extérieures
seront perçues en fonction de l'activation de certains contextes
mentaux qui va diriger la valeur sémantique perçue.
Par ailleurs, ce mécanisme explique aussi la continuité
de la conscience qui se construit en permanence sur des concepts sémantiquement
proches. Notre pensée n'est pas sémantiquement décousue,
mais suivie, dans l'ensemble.
9
- La synthèse
Pour expliquer de nombreuses capacités mentales, il faut ajouter
le mécanisme de " synthèse ". On pourrait dire
que ce mécanisme complètement automatique sera l'intelligence
de base du système.
Voilà le fonctionnement de ce mécanisme : supposons un enfant
en train de manger des navets. L'enfant a suivi le parcours de ces objets
qui ont été achetés le matin même au marché
; ils étaient d'ailleurs plein de terre sur l'étale du vendeur.
On peut dire alors qu'au concept " navet " (non pas le mot,
mais la recherche de compréhension de ce qui est dans l'assiette)
sera associé (en dessous) les concepts déjà connus
" se vend sur le marché ", " se mange salé
", " se cultive dans la terre ".
Voici
alors le mécanisme de synthèse : à toute création
d'un nouveau concept, ce mécanisme consiste à rechercher
les " frères sémantiques ", c'est-à-dire
les concepts qui ont les mêmes ancêtres. L'enfant trouvera
par exemple que " chou ", " patate ", " poireau
" et " carotte " possèdent ces mêmes ancêtres.
Alors juste après la création de la cellule " navet
" sera créé un concept synthétique qui ressemblerait
à " légume " (mais en très abstrait, bien
sûr). Tout cela se passe à l'insu de l'enfant. Autrement
dit il y a création de cellule sans que l'enfant en soi conscient.
Et l'on découvre là un autre principe : la conscience ne
naît que dans certaines cellules créées.
10
- L'usage incessant
Les concepts qui sont très régulièrement et abondamment
traversés par des flux de perception ont un destin un peu particulier.
Ils sont forcément très importants en force de contexte,
en rémanence. Il sont donc très stables et leurs associations
(supérieures et inférieures) présentent un débit
important et rapide. Il existera forcément beaucoup de concepts
qui leur seront supérieurs. Mais paradoxalement, le nombre important
de concepts supérieurs les voue à n'être jamais plus
des cellules associées à une nouvelle perception. Pourquoi
? Parce que 'tous' les regroupements de concepts supérieurs se
sont déjà produits.
Le flux de perception trouvera donc toujours résonance dans les
cellules supérieures et jamais dans ces cellules qui ne seront
donc plus associées à de nouvelles cellules supérieures.
Ainsi, ces " concepts autoroutes " jouent essentiellement un
rôle de canal perceptif. Comme ils ne se connectent plus au-dessus,
il ne parviennent plus à la conscience pour eux-mêmes. Cela
à pour but d'expliquer qu'il est difficile de " ressentir
" les sensations des concepts basiques (ou les concepts sensitifs
de bases). Des exceptions sont à prévoir, par exemple la
douleur qui est un sentiment perceptif de base peut se ressentir facilement,
on comprendra pourquoi.
11
- Les chaînes d'ordres
Jusqu'ici nous avons expliqué comment se déroule la perception,
maintenant il va falloir expliquer comment se déroule l'action.
De façon très caricaturale, on peut dire que c'est un peu
le même processus, mais à l'envers. Chaque " ordre "
produisant une action sera donné depuis une seule cellule et s'effectuera
en se démultipliant vers le bas dans des " chaînes d'ordres
" jusque vers les " bases des ordres " qui seront le déclenchement
de cellules musculaires.
Un ordre sera déclenché dans une cellule d'ordre créée
spécialement pour chaque ordre nouveau. Les ordres comme les perceptions
sont de nature très abstraite (construits les uns au-dessus des
autres). Par exemple observons le destin d'un ordre comme " je vais
acheter du pain ". Un mécanisme va décomposer cet ordre
en autant de sous-ordres nécessaires qu'il faut pour effectuer
la tâche. Les uns derrières les autres ou en même temps,
les ordres vont s'accomplir selon un mécanisme de décomposition
en tâche intermédiaires. Pour caricaturer la décomposition,
on pourrait dire que le premier sous-ordre sera " rejoindre ma voiture
". Ensuite " me lever de cette chaise ", puis " rejoindre
la porte en marchant " etc. Des milliers et des milliers de sous-ordres
seront nécessaires pour manuvrer chaque muscle en temps voulu
dans une coordination pratiquement parfaite. Mais on comprend bien que
la manipulation des muscles est située très en dessous des
ordres abstraits initiaux. L'action des muscles sont les ordres situés
en bas de chaque chaîne d'ordre.
Pour bien percevoir le mécanisme, il faut comprendre qu'à
partir du moment où j'ai donné un ordre, toute la décomposition
et l'exécution peuvent être réalisées dans
un complète inconscience. Je peux chercher mon pain en me concentrant
complètement sur un thème de philosophie, sans même
réaliser tout ce qui se passe en moi dans l'exécution de
cet ordre (et je suis spécialiste en la matière).
Cela étant assimilé, il est facile de comprendre l'immense
importance de la perception dans le déroulement de chaque ordre.
A chaque instant c'est la perception qui va ajuster les ordres à
effectuer : suivant que la porte est fermée ou ouverte, les chaînes
d'ordres déclenchée ne seront pas les mêmes. Si elle
est fermée, un sous-ordre sera 'ajouté' pour l'ouvrir. Je
dirige ma marche en fonction des objets dans la pièce, je n'en
suis pourtant pas conscient. L'analyse fine de la marche humaine, nous
fait comprendre que les corrections musculaires sont permanentes et très
anticipées. La marche est un jeu d'action-perception immensément
précis.
Mais il y a plus encore, c'est la notion même d'" ordre "
qui a besoin de perception pour exister. En effet, comment puis-je comprendre
que j'ai besoin d'ouvrir la porte pour rejoindre ma voiture ? C'est parce
qu'il existe en moi une perception qui comprend cette évidence
implacable. C'est très instinctif, très loin d'être
formalisé, mais cela doit être perçu. Ainsi, c'est
une perception et non un ordre qui me fait comprendre que cette porte
est un obstacle à franchir pour atteindre ma voiture. En fait ,
chaque ordre naît forcement d'une perception ; il en est de même
pour la décision de chercher mon pain.
12
- Besoin-satisfaction
Dans notre système le " besoin " n'est pas (seulement)
une notion conceptuelle, c'est un mécanisme de fonctionnement du
système. Le " besoin " est un flux d'information qui
circule dans les associations (comme pour la perception) et qui s'imprime
dans les cellules stimulées par ce flux. Le flux est déclenché
par certaines cellules (les cellules douloureuse par exemple) et se propage
avec la perception.
Au final, certaines perceptions seront imprimé par à un
" besoin ". Ce besoin est le mécanisme qui exprime une
" nécessité d'action ". (Une douleur nécessité
la cessation de la douleur).
En fait, c'est toute la création des ordres qui repose sur ce mécanisme
: un ordre est crée quand une cellule de perception est "
touchée par un besoin ". C'est le déclencheur de la
création d'un ordre qui a pour objectif de répondre à
ce besoin. On comprend alors que chaque cellule d'ordre est complètement
solidaire d'une cellule de perception, celle qui a ressenti le besoin.
Quand l'ordre aura exécuté la chaîne d'ordre qui permet
de satisfaire le besoin, il va se créer un nouveaux flux : un flux
de " satisfaction " dont la force sera d'autant plus grande
que l'exécution de l'ordre aura " satisfait " le besoin.
La satisfaction d'un besoin est mesurée à la satisfaction
de tous les sous-ordres. Plus l'ordre donné aura produit un flux
de satisfaction important, plus l'ordre associé à la cellule
de besoin sera rémanent et donc facile à retrouver pour
une réutilisation ultérieure (dans une chaîne).
Ainsi le couple besoin-satisfaction est la dynamique de base qui crée
les ordres et les mémorise. Mais tout cela semble tellement élevé
en abstraction qu'on est en droit de s'interroger sur la mécanicité
d'un tel système. Par exemple, comment se peut-il qu'un ordre soit
trouvé pour répondre à un besoin ?
13
- Construction d'une chaîne d'ordre
Nous ne donnons ici qu'un aperçu très grossier de ce mécanisme
un peu complexe. En quelques phrases, tout commence quand un ordre est
déclenché automatiquement à la perception d'un flux
de besoin. Cette création d'ordre produit un mécanisme de
" recherche des ordres déjà existants " pour trouver
l'ordre dont la " sémantique " est celle qui correspondra
le mieux aux besoin. Il peut y en avoir plusieurs et la force des contextes
sera influente pour le choix. Ainsi un ordre sera exécuté
en accomplissant l'ordre le plus proche (ou les ordres les plus proches).
Cela permet de comprendre que les ordres sont de nature " abstraite
". Ils se fixent les uns au dessus des autres dans des abstractions
(en parallèle avec la perception qui est le lieu de la recherche
sémantique).
Il faut bien comprendre que le déclenchement d'un sous-ordre naît
d'une perception. Ainsi la réalisation de l'ordre est complètement
subordonnée à la perception. D'ailleurs la " chaîne
" de sous-ordres parcourue dépendra complètement des
perceptions. C'est la perception qui déclenchera le sous-ordre
le plus adapté pour répondre à toute la hiérarchie
des besoins supérieurs, qui est toujours activée. En fait,
il existe une analyse des conséquences des ordres par la perception
qui est déterminante pour choisir l'ordre en fonction de l'anticipation
de son résultat.
Autrement dit, c'est toujours le " meilleur " ordre déjà
existant qui sera utilisé, jusqu'à satisfaction complète
de tous les ordres. Et la satisfaction sera complète quand le flux
de besoin disparaîtra et que le flux de satisfaction des sous-ordres
le remplacera. Le nouvel ordre sera alors enregistré comme valable
pour la cellule de perception qui l'a déclenché. Cette cellule
deviendra alors son " déclencheur automatique " dans
une réutilisation ultérieure (mais cette fois-ci en tant
qu'ordre subalterne).
On trouvera beaucoup plus de détails de ce mécanisme complexe
dans la présentation complète du modèle.
14
- La conscience
Quand on considère toute la partie inconsciente de la perception
(tout le parcours de la pyramide inférieure) et des ordres (tout
la construction de la chaîne d'ordre), on constate que ce qui se
déroule dans notre être conscient n'est que le sommet d'une
vague dont l'activité sous-jacente est immense. Seules les cellules
les plus stimulées parviennent à la conscience qui surfe
sur des cellules terminales (des sommets provisoires).
Mais dans notre système, la conscience ne fait pas seulement que
" percevoir ", elle possède un autre rôle important
qui consiste à venir se mêler :
· des ordres importants (ceux dont le flux de besoin est fort),
· des " ordre contradictoires "
· ou encore des " ordres relativement importants qui ne trouvent
pas de sous-ordres comme réponse ". (Ils produiront une stimulation
forte qui fera donc venir la conscience)
Sans détailler techniquement ces notions et leur déroulement,
on peut comprendre que la conscience va lancer des " recherches "
d'ordres beaucoup plus profondes que dans une activité automatique
(une réflexion beaucoup plus étendue en étages de
concepts) pour trouver une solution.
Si l'on ne veut pas s'être trompé sur le contenu de la conscience,
il faut bien comprendre que la conscience ne ressent jamais deux fois
les mêmes choses qui sont toujours ressentis dans une nouvelle cellule
(et dans un nouveau contexte qui lui est en général associé).
Il faut ainsi comprendre que les mots à "sémantique
stable " sont des impressions dues à l'usage fréquent
de certains concepts. On devrait donc plutôt parler de " zones
sémantiques stables ". Cela a pour conséquence notre
incapacité totale de parler précisément d'un concept
de la pensée. Chaque concept est le sommet d'un sens immense et
inaccessible. C'est pourquoi, il n'est possible d'exposer le modèle
que par des exemples très caricaturaux. En pratique, chaque pensée
étant différente, il est impossible d'en rendre compte en
précision. Cela va même plus loin, il est assez logique de
comprendre qu'aucun mot n'est enfermable dans une zone sémantique
" fixe ". Chaque contexte va influencer le sens d'un mot. Et
l'on trouve ici, la difficulté de s'appuyer sur les mots pour produire
une logique naïve. Cette mouvance de fond est un des grands problèmes
de la philosophie qui cherche à prendre un appui stable sur les
mots.
15
- La réflexion
Jusqu'ici, on arrive à comprendre comment la pensée peut
percevoir, lancer un ordre en réaction à un besoin. Mais
il faut encore pouvoir expliquer comment la pensée crée
l'intelligence, les raisonnements, les analyses qui peuvent être
très complexes et profondes.
Il est évident que nous ne pourront pas en rendre compte, il faut
commencer par comprendre que la construction des perceptions peut devenir
complètement autonome : le cerveau peut se mettre à raisonner
seul, purement " de l'intérieur ". Il le peut parce qu'il
est possible de construire du sens " à l'intérieur
" en stimulant lui-même des cellules en l'absence de toute
perception (notamment lors des recherches de sous-ordres). Se rappeler
d'un souvenir correspond à un ordre, mais la nouvelle cellule qui
perçoit le souvenir, en se connectant au dessus de l'ancienne (qui
conservait le souvenir), produit un nouveaux sens purement intérieur
à partir de ce qui est déjà emmagasiné. Les
phénomènes de recherches, qui consistent à chercher
les perceptions et les ordres les plus adaptés, correspondent à
une activité purement intérieure. A partir du moment où
des concepts " abstraits " sont créés, il vas
se créer des " besoins abstraits ". On comprend alors
que cela conduit à une activité purement intérieure.
Pensons à la philosophie ou aux mathématiques qui réfléchissent
sur des concepts logiques issues d'une longue éducation. On comprend
alors que cette " activité intérieure " est l'essentiel
de nos ordres initiaux : nos ordres conscients sont la plupart du temps
très abstraits.
Dans le domaine de la réflexion et de l'intelligence, on peut s'arrêter
sur un mécanisme élémentaire très important
: c'est le mécanisme que j'appelle " la transposition ".
La transposition est la capacité d'appliquer une méthode
mentale dans un contexte différent de celui qui a trouvé
la méthode. Dans une analyse grossière, cette technique
est directement issue de l'appropriation d'un sous-ordre par un ordre
initial. Mais la grande difficulté consiste à comprendre
comment notre esprit parvient à comprendre que ce sous-ordre sera
efficace, alors que le contexte est complètement différent
(les sémantiques étant éloignées, il n'y a
pas de raison que ce sous-ordre soit trouvé). La réponse
est dans " l'abstraction " : pour trouver une méthode
ailleurs, il faut que l'esprit perçoive des abstractions commune
aux contextes. C'est le mécanisme de synthèse qui produit
ces abstractions, ces ressemblances sur des zones sémantiques différentes.
C'est aussi la conscience, avec sa capacité de produire des recherches
approfondies, qui va permettre la " capture " de ce sous-ordre
en trouvant des abstractions communes.
16
- Aperçu
Nous avons produit là un petit aperçu rapide de notre théorie
de la pensée. Il faudrait rentrer beaucoup plus dans les détails
pour réaliser comment certaines affirmations sont possibles d'un
point de vue mécanique. La mécanicité était
un objectif primordial de notre modèle : pour éviter les
envolées lyriques, tout le modèle a été construit
de façon à pouvoir être programmé sur support
informatique.
Ce modèle soulève de nombreuses questions philosophiques
par l'impact qu'il a sur toutes les questions qui s'intéressent
au sens, à la perception, à la réalité, à
la pensée, au langage.
Mais il est aussi des questions portant sur le modèle lui-même,
comme la nature de la conscience ou la liberté. Il faudrait aussi
expliquer comment tout cela est compatible avec nos connaissances sur
le cerveau, ce qui est loin d'être évident. Il y a beaucoup
de questions qui se posent sur ce sujet.
Toutes ces questions, le détail des explications mécaniques,
mais aussi une approche plus précise des concepts essentiels sont
apportés dans la version détaillée (mais elle aussi
reste très incomplète).
Il me faut rappeler que cette théorie consiste d'abord à
produire une tentative d'explication mécanique de la pensée.
Ainsi, le modèle n'est pas fiable en lui-même, c'est l'approche
qu'il suggère qui est à considérer. La question principale
à la suite de ce modèle est celle de sa pertinence. Le modèle
produit-il une cohérence satisfaisante par une telle approche.
Bien sûr, je ne saurais trop encourager à approfondir les
questions qui se posent en ayant recours à la version plus complète
et plus nuancée.
La Science est recherche de la réalité objective partageable.
Le sens est le ressenti instantanné d'un tissu organisé
de concepts formant une unité cohérente liée à
la totalité de nos aquisitions (qui sont pour chacun un autre sens).