Introduction Mécanique psychologique
Bien que souhaitable, nous nallons pas présenter un modèle
complet de la connaissance, de la pensée et de lintelligence.
En fait, notre recherche nest pas tant de modéliser le fonctionnement
du cerveau (malgré une indéniable inspiration) que de créer
un système pouvant simuler la mécanique fondamentale de
notre pensée.
Laxe de modélisation est donc bien davantage psychologique
que neurophysiologique. Un modèle physiologique supposerait une
très grande connaissance dans des domaines aussi immenses que variés
(pour autant quil soit envisageable). Cela me semble impossible
à réaliser dans mon état dignorance. Par contre
le modèle psychologique, qui malgré la gratuité de
ses hypothèses est assez ambitieux, semble plus à la portée
dun essai structural comme nous lavons envisagé.
Nous
allons proposer un modèle simplifié qui a pour avantage
sa relative compacité ainsi quune certaine cohérence.
Il demanderait à être développé et ajusté
aux regards de lensemble des connaissances gravitant autour des
questions neurologiques et psychologiques. Il demanderait à être
remanié pour expliquer davantage de nombreux phénomènes
laissés pour compte.
La proposition que je vais faire consiste à se limiter aux bases
dun modèle d'un théorique dans une approche restreinte
aux contraintes minimum ou plutôt une approche restreinte à
un système de mécanisme autosuffisant.
Il s'agit donc d'une approche mécanique, psychologique restreinte.
Nous présenterons le modèle en plusieurs couches : c'est-à-dire
par des schémas simplificateurs progressifs qui donneront accès
à une compréhension de plus en plus fine du modèle
global au fur et à mesure des nouveaux concepts introduits.
Pour être recevable, il faudra que chaque concept introduit modélise
un phénomène psychologique quiconduit l'ensemble du système
toujours plus proche de la réalité. Et cest aux spécialistes
de chaque disciplines de répondre si ce modèle est finalement
acceptable et pertinent au vu de leurs connaissances spécifiques.
Optique
informatique
Nous avons surtout insisté sur laspect modélisation
de la pensée, mais pour être précis, lobjectif
de ce modèle est double.
Le premier objectif, nous lavons déjà présenté :
le modèle de la connaissance proposé ne constitue pas directement
en une explication des phénomènes de connaissance, dapprentissage
et de la pensée. En effet, le point de départ théorique
ne se situe pas au niveau de lexpérimentation, mais dans
la fabrication de principes synthétiques élémentaires.
Même si ce sont des constats expérimentaux qui ont orienté
ces éléments de base du modèle, celui-ci est très
loin dêtre fondé sur la pratique. Il est dabord
une pure théorie synthétique qui cherche à proposer
une explication de la pensée. Non sur le mode physiologique, mais
sur le mode psychologique.
Un deuxième objectif moins évident que jai souhaité
pour la construction de ce modèle est de répondre au critère
de mécanicité. Toute les mécanismes mentaux devront
être expliqués sous forme de fonctionnement logique. La meilleure
façon datteindre cet objectif ma semblé être
lalgorithmique et les structures mathématiques. Autrement
dit voici le second objectif reformulé : tout le modèle
doit atteindre un tel degré de mécanicité quil
doit être formalisable en mathématiques et programmable sur
ordinateur. Il faudra donc imposer aux explications dêtre
traductibles en formules sur des structures. Pour être précis,
il faudrait préciser ce quon entend par « programmable
sur ordinateur » : fait-on référence à
la machine du Turing (un processus discret sur un ensemble de nombres
entiers modifiés par une tête de lecture) ? Ou bien envisage-t-on
des processus continus et dynamiques ? Sans répondre à
cette question, notre objectif consiste à ce que tout mécanisme
soit expliqué fonctionnellement et accessible par des formules
explicites. Quant à son implémentation, nous verrons que
plusieurs solutions sont envisageables. Ainsi, sont donc bannis de ce
modèle, les explications psychologiques de haut-niveau, les principes
généraux qui ne donnent pas lieu à un mécanisme
concret, les estimations informelles, etc...
Lobjectif
ambitieux est posé, même si nous ne le suivrons pas complètement
en laissant subsister quelques ambiguités quelques estimations
floues (afin de pas cloisonner le modèle dans des mauvais choix
théoriques), le cadre général est posé et
sera modulable à volonté.
En fait, il faudra veiller en permanence à avoir cette double lecture
du modèle. Une lecture psychologique et une lecture mécanique
(mathématique et informatique). On pourrait même dire triple :
informatique, psychologique et physiologique ; sachant que la dernière
optique est davantage une source d'inspiration qu'une recherche de réalisme.
Cette troisième lecture mérite un avertissement.
Avertissement
pour neurophysiologiste et érudits
Il est surprenant de penser que l'on peut modéliser la pensée
en se limitant à la psychologiques et à un formalisme mécanique
alors que les suggestions la plus fortes de « la matérialité
de la pensée » proviennent justement des relations existant
entre le fonctionnement du cerveau et la pensée vécu. Autrement
dit, il semble plus que nécessaire d'intégrer les données
neurophysiologiques pour une recherche objective de cette matérialité.
Ne possèdant aucune excuse valable devant la manque d'intégration
de cette discipline à mon projet, je donnerai cependant quelques
arguments sur ma démarche pour ma décharge :
ce qui manque fondamentalement aux sciences cognitives, c'est un modèle
d'explication cohérent qui établit le lien entre la pensée
perçue à l'intérieur et son support matériel
physique. Personnellement c'est dans la formulation suivante que je préfère
l'énoncer : comment le sens peut-il être porté par
la matière ?
Tant que cette question n'est pas résolue, les multiples constats
de fonctionnements neuro-physiologiques ne pourront pas être intégrés
à un modèle explicatif global. Sans posséder d'unité
explicative, les constats expérimentaux restent des ilots de connaissances
éparses qui ne permettent pas d'appréhender le coeur du
problème (la matérialité de la pensée). Aussi
au lieu de chercher à comprendre cette multitude d'ilots pour l'unir
en une théorie explicative, je me suis concentré sur le
problème de fond : le lien entre la psychologie et l'explication
mécanique formel. Si je parvenais à décrire la pensée
par une explication mécanique, j'aurais trouvé un support
d'organisation de la pensée qui demanderait à être
évalué au yeux des connaissances physiologiques.
S'il est évident que le modèle que nous allons présenter
ici n'est pas compatible avec les connaissances neurobiologique, l'inspiration
de ce modèle est issu de plusieurs constats de ces connaissances.
Plusieurs modifications que nous envisagerons ultérieurement pourront
donner à notre modèle davantage de pertinence. Mais il me
semble nettement préférable d'introduire un modèle
simplifié. En effet, ce qu'il convient d'expliquer ici c'est le
mécanisme qui lie profondement la connaissance et la matière.
Or pour rendre compte de ce mécanisme le modèle simplifié
est déjà passablement complexe. Ainsi dans un soucis de
concentration sur le problème qui nous intéresse le modèle
simplifié possède son intérêt. On cherchera
ensuite à l'intégrer à un modèle beaucoup
plus complexe car possédant beaucoup plus de contraintes que le
seul lien pensée-matière.
Il se trouve qu'une des principales différences entre la théorie
présentée ici et les connaissances neurophysiologiques est
la différence de localisation. Notre modèle suggère
qu'il n'existe pas de lieu matériel privilégié pour
certaines pensées, on pourrait parler d'homogènéité
spatiale. Cela s'oppose aux connaissances neurophysiologiques qui impose
l'hétérogénéité cerébrale dans
l'activation de certains types de pensées.
On peut comprendre que l'homogénéité de mon modèle
est issue de la simplicité des contraintes à résoudre.
Cet homogénéité que j'appelerai plus tard neutralité
est même un des fondement de cette théorie. Il reste à
savoir s'il existera une traduction ou un enrichissement permettant d'expliquer
l'apparition de cette hétérogènéité.
Nous en reparlerons une fois le modèle simplifié établi.
Au
final, je dois affirmer que devant la complexité des connaissances
biologiques et devant mon ignorance à ce sujet, j'ai renoncé
jusqu'ici à construire un modèle cohérent avec ces
données. Je me suis contenté du modèle mécanique
élémentaire. Nous ne ferons qu'aborder quelques pistes sur
l'élaboration de la cohérence.
Ainsi à ceux dont la préoccupation est l'explication du
mécanisme cérébral, je conseil dès à
présent de prendre un peu de recul :
Le lecteur devra chercher à savoir au-delà des divergences
premières et des difficultés d'intégration (entre
ce modèle et les connaisances neurophysiologiques), si le principe
de base proposé dans ce modèle est ou non pertinent.
Puis, il faudra chercher sil existe une adaptation du modèle
qui soit pertinente.
En
résumé ce modèle est d'abord la théorie structurel
du mécanisme fondamentale de la pensée. Les pôles
psychologique (le ressenti intérieur de la pensée) et mécanique
(la formalisation strucurelle dans une perspective informatique) seront
les guides de notre approche. Les allusions de nature physiologique seront
essentiellement présentes comme source d'inspiration ou de suggestion
schématique, et non comme un guide ; notre
objectif ici est de dégager un lien possible entre la pensée
et la matérialité.
La Science est recherche de la réalité objective partageable.
Le sens est le ressenti instantanné d'un tissu organisé
de concepts formant une unité cohérente liée à
la totalité de nos aquisitions (qui sont pour chacun un autre sens).