Théorie de la connaissance

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- Introduction à la théorie de la connaissance

- la théorie de la connaissance, introduction

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- les éléments de bases

Les mécanismes passifs
Nous avons vu la majorité des acteurs fonctionnels (les briques du système). Nous allons maintenant voir les mécanismes élémentaires (la façon dont sont liées se lient entre elles).

La perception
Il est temps de rendre un peu plus concret la façon dont le sens naît à partir de l’agencement des associations et des concepts. C’est en expliquant comment la pensée peut percevoir le monde que ce principe deviendra plus clair.

Création de nouveau concept
Lorsqu’une cellule d’entrée est stimulée, elle émet un flux qui se propage vers des cellules.
(On peut décomposer cela en deux étape : une pré-cellule derrière chaque cellule sensorielle qui transformerait chaque excitation électrique en un flux, afin de transformer une sensation en un concept , la pré-cellule serait une sorte d’adaptateur). Cette cellule d'entrée forme le concept primaire. Cette cellule enverra un flux proportionnel à la force de la stimulation perçue.
Lorsqu’un individu perçoit ce qui l’entoure, les cellules sensorielles sont stimulées. Un flux va donc être émis par les nombreuses cellules sensorielles stimulées. La perception consiste à rassembler en un seul tout ces concepts primaire simulé. Le mécanisme (simplifié) de la perception consiste à créer à chaque instant une nouvelle cellule qui rassemble les concepts stimulés à cet instant. Le système établit de façon automatique un branchement de toutes les cellules les plus stimulées vers la nouvelle cellule créée à cet instant là. Comme le sens d'une cellule est donné par le sens des cellules branchées sur elle en amont, le sens d'une nouvelle cellule sera bien « ce qu’a perçu l’observateur à cet instant ». La nouvelle cellule sert à résumer l’ensemble des stimulations d’un instant.
On peut s’interroger : si ce mécanisme de création a lieu à chaque instant, si toutes les stimulations sont sans cesse regroupées sur des cellules différentes, le nombre de cellules et d’associations doit être démesuré. Si le processus fonctionnait ainsi, chaque cellule primitive serait reliée à des milliards d’autres cellules et le système serait dénué d’organisation. Nous allons effectivement établir de nombreux mécanismes limitant et affinant la création des nouveaux concepts.
Voici un exemple de principe limitant fondamental : si je touche une table avec mon doigt, une nouvelle cellule est créée pour donner un sens à cette sensation de toucher. Quand je répéte la même opération plusieurs fois, au lieu de créer autant de nouvelles cellules identiques (qui aurait le même sens car les mêmes cellules sensitives sont stimulées) le système « active » la cellule déjà existante sans créer de nouvelle cellule puisqu’elle existe déjà. Ainsi, cahque stimulation déjà ressentie ne sera pas reproduite, donc chaque stimulation ne produit pas nécessairement une nouvelle cellule.
Par ailleurs, toutes les cellules stimulées ne sont pas forcément associées ; seules les plus stimulées le sont. Plusieurs questions se posent : quelle force de stimulation est donc requise pour qu’une cellule fasse partie de l’association ? Quelle quantité de cellules peut-on associer sur un nouveau concept ? N’importe quelles cellules peuvent-elles s’associer ensemble sur un même concept ? Nous verrons qu’à chacune de ces questions, il y aura des réponses et des nuances à apporter.
Dans la perspective de validité de ce modèle pour l’homme, il ne faut pas perdre du vue que lorsqu’une cellule sensitive primaire va être associée pour la première fois, l’homme n’est qu’au stade embryonnaire. Dès ce moment, il y a déjà une perception bien établie. En fait, il faut considérer que pour un individu adulte et même pour un enfant, les cellules primaires sont déjà associées de façon très complexe en de nombreux concepts évolués. De sorte que la création d’un concept primitif juste au dessus des cellules sensitives sera bien rare.

Flux de perception
Expliquons le rôle des flux dans la perception. Rappelons-nous qu’un flux se résume à quelque nombre (débit,force,…). Expliquons comment le flux de perception va produire la perception des objets. De façon simplifiée, quand plusieurs cellules sensorielles sont activées par une perception, ces cellules vont produire un flux, que l’on nommera flux de perception. Ce flux va se propager à partir des cellules primaires stimulées dans toutes les associations qui existent depuis ces cellules. Le flux va donc parvenir dans des cellules déjà créées. Ces cellules seront activées en proportion de la force du flux qui parvient, de sorte que la cellule la plus stimulée sera celle qui reçoit le plus de flux de cellules primaires, en particulier lorsqu’il y a convergence du flux de perception vers une même cellule. En effet, si des centaines de cellules primaires stimulées sont reliées à la même cellule, le flux qui va parvenir à cette cellule sera la somme de tous ces flux, il sera donc très grand. Par ce mécanisme, on comprend que la cellule la plus activée parmi les existantes (c’est-àdire parmi les souvenirs) sera la cellule qui ressemble le plus à la sensation perçue.

C’est ainsi que se déroule la création puis la reconnaissance d’un concept. La création a lieu par association de plusieurs stimulations sensorielles vers un nouveau concept. La reconnaissance de ce concept a lieu lors de la stimulation des mêmes sensations. Le concept activé sera la cellule mémoire déjà vécue qui se rapproche le plus des stimulation sensorielle car c’est celui vers lequel le flux convergera le plus. Création d’une cellule puis stimulation ultérieure procèdent d’un même principe mécanique : la convergence des sensations.

Création de concepts plus évolué
Masintenant il faut affiner ce principe. Le processus de perception possède une forme étagée et pyramidale : le flux de perception ne s’arrête pas dans les cellules situées juste au-dessus des cellules primaires (appelons les des cellules secondaires). Ce flux va continuer son chemin beaucoup plus loin. Pour suivre son chemin, il faut qu’il en existe un. Observons la vie des cellules secondaires : très rapidement de nombreuses cellules secondaires seront créées par assocation de perceptions. Puis, très rapidement à nouveau, ces cellules seront stimulées. Les cellules secondaires se comportent comme les cellules primaires : lorsqu'elles sont stimulées et sans associtions au dessus d'elles, une nouvelle association sera formée vers un nouveau concept qui sera un concept tertiaire. Cela se produira à chaque fois que plusieurs concepts secondaires seront stimulés simultanément ; l'ensemble de ces cellules secondaire seront réunis en un concept tertiaire. Ce nouveau concept sera lui-même très vite connecté (avec d’autres) sur des concepts supérieurs. Et ainsi de suite, ce processus construit une stratification de concepts issus les uns des autres.
Maintenant il faut préciser que les associations n’ont pas lieu strictement par étage successif. N’importe quelle cellule peut être s’associée avec n’importe quelles autres vers un nouveau concept. De sorte qu’il n’y a pas vraiment de sens à la définition de cellules secondaires ou tertiaires. Nous avons utilisé ces termes par commodité.
On constate alors que les concepts vont s'assembler sous forme de construction en aspect pyramidal. Le flux de perception, à partir de la stimulation des cellules sensibles, va traverser plusieurs étages avant d'arriver plus loin jusqu'une cellule unique dont le sens est donné par toute la base et tout le trajet de ce flux. Autrement dit le flux converge toujours vers un concept qui est un sommet de pyramide. Le sens de chaque cellule est ainsi défini par une pyramide de concepts dont l'origine est située dans les cellules sensorielles.
Les cellules secondaires, en rassemblant la stimulation de plusieurs cellules primaires, construisent ainsi le premier sens abstrait et synthétique : une perception unique. Un tel concept possède un contenu sémantique très simple ou plutôt basique. Il est probablement très difficile à exprimer tant il est basique. Il est sans doute même inaccessible à la conscience pour nos esprits trop élaborés et donc trop loin dans l’abstraction au dessus de la base.
Dans l’hypothèse où le système décrit le modèle humain, on comprendra qu’un individu normal qui pense utilise des concepts en nombre extraordinaire. Voyons quelques réflexions sur ce thème :
Il faut comprendre qu’au départ, l’enfant (ou plutôt l’embryon) ne peut sentir ou « comprendre » que les concepts les plus simples : ceux qui figurent juste au-dessus des cellules sensorielles. Et c’est de proche en proche que vont se créer des concepts de plus en plus élaborés. Il ne peut se créer de concept qu’à partir d’un autre concept déjà « compris ». Autrement dit, pour atteindre la capacité de « voir » le monde - c’est-à-dire les objets individuellement - il faudra une pyramide très élevée. La compréhension va grandir au rythme de la nouveauté perçue. Mais cette nouveauté n’existe elle-même que par la compréhension. Le même procédé se répète jusqu’aux perceptions très élaborés. De façon plus nuancée, nous verrons qu’il existe de nombreux principes interférant cette description élémentaire de la perception. Mais chaque chose en son temps.
Voyons ensuite le fonctionnement du flux. Lors d’une perception quelconque, les innombrables cellules primaires vont engendrer un flux qui va se concentrer dans les cellules secondaires les plus proches de la perception (nous verrons plus loin que les associations se font avec un principe de proximité par le mécanisme des contextes. Ainsi, les cellules secondaires seront naturellement associées par petits paquets d’un même thème : le toucher, la vue, l’ouïe, … et même par type d’idée). Les cellules secondaires les plus stimulées vont propager à leur tour le flux plus loin, et ainsi de suite dans des concepts de plus en plus élevés et abstraits. Le dégagement du flux est proportionnel à l’activation de la cellule. Ainsi quelque soit le niveau, c’est le concept le plus activé qui propagera le mieux le flux. Cela permet de comprendre que la sensation externe est bien le maître et le conducteur du flux, au niveau le plus bas comme au niveau le plus élevé.

Eclaircissons maintenant comment le flux distingue s’il doit créer ou stimuler un concept. Il se présente en effet deux solutions :
Dans le premier cas, il existe déjà un concept qui correspont à l’ensemble de la perception, alors par propagation pyramidale convergente, le flux va se concentrer progresivement en direction du concept final qui rassemble complètement la perception externe. Dans ce cas, la cellule existant déjà, il n’y pas création. Il y a simplement activation de la cellule. La propagation du flux étant fondée sur un mécanisme cellulaire local, le flux ne peut pas savoir qu'il a atteint la cellule final, autrement dit le flux essaie naturellement de se propager plus loin. Expliquons pourquoi cette cellule finale sera la cellule la plus stimulée : le flux qui se propage à partir de cette cellule au lieu de se concentrer va se délayer, puis cesser par étouffement. C’est ainsi que le flux « s’arrête » à la « bonne cellule » , même si cette cellule est une cellule intérmédiaire plongée dans l'immensité des étages construit en dessous et au dessus d'elle. Comprenons le pourquoi de cet arrêt : tant que la stimulation sensorielle n'a pas atteint son point de convergence, le flux se concentre et cela incite le flux à se propager. Quand il a atteint son point de convergence, le flux connait sa concentration maximale ; et quand il a dépassé le point de convergence, il se dissipe très vite. Ce mécanisme introduit une sorte d'équivalence entre les concepts stimulés en entrée et les cellules sommet de pyramide. C'est dans cette description que l'on comprend plus précisément comment un sens très élaboré peut être concentré dans une simple cellule par le mécanisme de l'association.
Dans le cas où la cellule au sommet de la pyramide n'a pas encore branchement au dessus d'elle (elle est un sommet terminal), le flux ne peut pas se prolonger, le problème est encore plus simple. Dans tous les cas le flux a atteint le sommet de la pyramide parce que toutes les sensations primaires se sont rejointes en un concept unique qui en est la synthèse. C’est le cas où le concept existe déjà. Une seule cellule étant fortement stimulée, il n’y a pas de création d’un nouveau concept.
Deuxième cas : il n’existe pas de concept qui résume la perception externe. Dans ce cas, on peut raisonablement penser que le flux activé dans le grand nombre de cellules d'entrée va tout de même suivre plusieurs chemins de convergence. Seulement s'il n'existe pas de cellule de convergence finale, cela signifie qu'il existe plusieurs cellules stimulées intermédiaires (voire éventuellement des cellules d'entrée nouvelles). Le paysage en fin de parcours du flux ressemble donc à plusieurs sommets de pyramides stimulés. Ces sommets sont soit des concepts terminaux (pour lequel il n’existe pas d’association supérieure), soit des concepts maximaux (concepts au dessus desquels le flux ne va plus se concentrer mais se disperser car il n’y a plus convergence). Ainsi, ce n’est plus une cellule, mais plusieurs cellules qui seront fortement stimulée. Ces cellules regroupent la perception extérieure. Ne trouvant plus de chemins au dessus d'elles, elles se comportent comme de nouvelles cellules d'entrée : ces cellules stimulées seront assemblées et connectées sur une nouvelle cellule chargée de faire la synthèse de cette perception.
Ce mécanisme permet de comprendre la traduction permanente de la perception sensitive en concept sémantique ; soit par création (la perception devient aussitôt mémoire), soit par reconnaissance. Précisons tout de suite que cette création ou cette reconnaissance pourront avoir lieu de façon consciente ou non. Dans tous les cas, elles constitueront une mémoire (qui comme toute mémoire va se dégrader selon des lois établies).
A la fin de cette explication, on peut constater qu’au niveau basique comme au niveau le plus élevé, le chemin de la création et le chemin de la reconnaissance sont similaires. Moyennant quelques données formulaires, techniques et numériques ce processus pourra être traduit sous forme d’algorythme.

Sans plus tarder, précisons que pour des raison de simplification, nous avons omis de prendre en compte la notion de contexte. Le principe de contexte influe (on ne saurait utiliser meilleur mot, nous le verrons) énormément sur le mécanisme de la perception en agissant sur la propagation des flux.

Une situation particulière
Une petite précision est utile concernant le mécanisme de convergence des flux de perception. En effet, il est possible que le flux de perception ne converge ni vers un seul concept, ni même vers un nombre réduit, mais qu’il aboutissent à un très grand nombre de concepts maximaux d’intensité minime. Dans ce cas, il n’y aura pas non plus synthèse par création d’un nouveau concept par manque de netteté dans la convergence. Pour illustrer ce principe psychologique, on peut imaginer un individu cherchant à distinguer le sens d'un ensemble important de choses qui ne présentent pas de sens convergeant (par exemple la foumilière qui apparaît quand la télé est réglée sur une mauvaise fréquence). Il cherchera à distinguer du sens dans cette multitude d'information, mais il aura l’impression de ne pas comprendre le sens de ce qu’il voit : il ne varra qu'un tout assez homogène, les informations ne produisant pas de sens interne.
On peut alors penser à l’enfant dont les yeux s’ouvre à la vie et qui ne « voit rien » car cela n’a aucun sens. Il ne comprend pas ce qu’il voit. Il n’existe pas de sens de concept qui résume sa perception. C’est aussi le cas d’un adulte qui aborde une nouvelle discipline : la perception se fait bien jusqu’à un certain niveau. La vision des objets, les mots, mais l’ensemble ne prend pas de sens unifié. Tout est très confu ; on aboutit au même genre de situation que l’enfant, il ne « voit rien ». On peut penser au regard que porte un néophyte sur certaines œuvres artistiques contemporaines.
En pratique, cela se traduit plutôt de l’une des façons suivantes : l’esprit étant déjà formé par de nombreuses associations, le flux de perception va activer majoritairement un concept très éloigné de l’unification de la perception. La pensée suivra alors son cheminement par association d'idée (du coq à l’âne). Dans un autre cas, l’esprit va se concentrer sur un concept qu’il reconnaît à l’intérieur du « tout », mais un concept qu’il sait être partiel. En effet, il est rare que la perception accepte de faire face directement à l’inconnu. En général, l’inconnu passe inaperçu et l’on comprend pourquoi.

Remarques
Par le mécanisme du flux de perceptions, on comprend pourquoi les choses bien connues, faisant « parti des meubles » n’attirent pas l’attention : tout simplement parce qu’elles ne constituent qu’une marche vers l’objectif final, qui est le sommet du flux. L’intermédiaire ne marque pas, il est parcouru inconsciemment par le flux.
Rien n’arrête le flux tant que « tout est connu »; la propagation se poursuit. Nous détaillerons le fonctionnement technique du flux de perception (sa rémanence, sa propagation, son interaction, sa résonnance lors d’une rencontre, etc…). Il y aura beaucoup de constat à faire sur le fonctionnement de nos pensées. Ce serait prématuré de trop s’étendre ici, il est préférable de disposer au plus tôt d’une vison d’ensemble.
A ce stade, il est assez clair que ce principe des flux convergeants est insuffisant pour expliquer toute la perception. Par exemple, les structures logiques et analytiques de la perception doivent avoir d’autres processus qu’une simple convergence automatique. Mais nous verrons que c’est le rôle d’un autre mécanisme du système. Dans l’attente de perfectionnements ultérieurs, la perception se résume ainsi : un flux initié par la stimulation des cellules sensorielles se dirige vers le concept du système qui est le plus proche de la stimulation initiale. A chaque fois qu’auront lieu les mêmes stimuli sensoriels, il en découlera l’activation de la même cellule : c’est la base du sens.

L’activation du flux par résonance.
Expliquons plus en détail comment se déroule la propagation des flux entre les différents concepts successifs.
Cette propagation du flux de perception n’est pas linéaire comme de l’eau dans des conduits, sinon le flux se perdrait très vite dans le réseau d’associations. Si la quantité d'eau au départ restait constante, le nombre de chemins possibles est si impressionnant, que toute l’eau serait très vite perdu avant d’arriver au concept maximal. L’analogie entre les flux et les cannaux transportant de l’eau doit donc être relativisée.
Décrivons plus en détail les mécanismes de propagation. Un des principes essentiels de la propagation est la résonance : si deux flux arrivent par des chemins différents sur une même cellule, l’activation de la cellule ne correspond pas à la somme des deux flux mais à davantage de flux. J’appelle ce principe la résonance pour expliquer que les flux s’amplifient mutuellement. Ce principe présente deux intérêts :
celui de propager le flux plus loin car la résonance crée de nouvelles forces,
mais surtout celui de privilégier fortement les chemins où il y a un sens en rapport plus étroit avec la perception. Car recoupement signifie convergence du sens.
Bien sûr, il faut comprendre que la rencontre de trois flux produit une plus grande résonance que celle de deux flux, etc. Il faudra définir des formules précise pour gérer ces mécanismes en détail. Mais nous n’entrons pas dans ces considérations mathématiques à l’intérieur de cet exposé, nous nous limiterons à l’aperçu.
Le principe à retenir est que le flux privilégie les situations résonnantes. Il renforce la propagation convergente des flux.

Les contextes
Le mécanisme que nous allons décrire est celui qui s’apparente aux contextes de la pensée. Le principe est simple, toutes les cellules nouvellement créés (à l’issue d’une perception ou d’autres mécanismes actifs que nous verrons plus loin) font parti du contexte, que ces cellules soient conscientes ou inconscientes. Chaque cellule est donc étiquetée d’une certaine force de contexte en liaison avec la fraicheur et la force de sa création.
Les contextes possèdent donc une force, c’est à dire une activation plus ou moins grande. Cette force d’activation est directement issue de la force des flux qui ont conduit à la création du concept. Plus le flux était fort, plus le contexte qui marquera la nouvelle cellule sera fort lui-aussi.
Il est évident que les phénomènes conscients auront, dans l’ensemble, un contexte plus fort que les phénomènes inconscients. Mais nous comprendrons cela plus loin.

Résonnance
Pour l’instant, concentrons nous sur le mécanisme des contextes. Une cellule nouvellement créée se voit pourvue d’une force de contexte. Lorsqu’un flux de perception vient à passer dans une cellule qui possède un contexte, on rencontre un nouveau phénomène de résonance : le flux de perception est sur-activé par la présence d’un contexte fort, et cela d’autant plus que le contexte est fort. Le flux de perception passé par là reprendra une nouvelle vigueur pour la suite de son trajet.
Sans donner de formule, on peut imaginer que la résonance par contexte est plus importante que la résonance par rencontre. On comprend ainsi la primauté des contextes dans la perception de l’extérieur. C’est un phénomène permanent et très influent sur la perception. Par exemple dans la vision : « on ne voit que ce qu’on veut voir » ; ou dans la parole : certains mots ont plusieurs sens différents, c’est le contexte qui leur fixe.
De façon générale, le contexte est un élément déterminant de la compréhension du sens dans la vie courante. On ne s’en aperçoit pas si on y réfléchit pas, mais le phénomène est très important : suivant le contexte, les choses n’ont pas du tout le même sens, ne sont pas perçues de la même façon ou même pas aperçues du tout. Ce à quoi on pense, c’est ce que l’on voit. C’est d’ailleurs ce qui permet à la pensée d’avoir un fil conducteur ; sans contexte, la pensée serait sans consistance. L’influence du contexte est primordiale sur la perception.

Il faut faire la différence entre un concept fort et un contexte fort. Ce sont deux aspect très différents : il se peut qu’un concept soit fort car il est très utilisé dans le parcours des flux de la perception, tout en étant complètement hors contexte. C’est par exemple le son des sillabes dans un discours ; ce sont des concepts très forts car très utilisés, pourtant ils ne possèdent pas de contexte fort. Ils sont sans influence d'attraction sur la perception. Ils sont complètement transparents. Le contexte signifie donc « fraicheur et force dans la création d’un concept».
Quand une personne réfléchis sur un problème précis, elle crée de nombreux concepts avec un contexte fort. Ce contexte sera d’autant plus fort que les concepts sont associés entre eux : si un flux de perception traversent de telles idées « fraîches », on assiste à un phénomène de résonance. C'est ainsi que le contexte capte la perception en donnant plus de force sur le chemin de la perception aux concepts fraichement pensés.

Rémanence
La rémanence du contexte, elle aussi, possède son importance. Les contextes changent. Comme nous l’avons évoqué, toute mémoire s’estompe et disparaît, il en est de même pour les contextes. Cette force de contexte possède comme les associations un mécanisme naturel de dégénérescence. Elle est régulée sur des lois mathématiques similaires. On peut aussi envisager que la rémanence possède une interaction avec les flux : les flux réactivent la rémanence d’un contexte.

Voici une proposition accessoire qui demande à être pesée : on peut imaginer que le contexte rayonne lui-même un flux : le flux de contexte. Celui-ci rentrerait en résonance avec les flux de perception pour activer ces derniers. Cette idée a pour but de donner une certaine « largeur » aux contextes. Ainsi la perception serait influencée non seulement par le rapport direct au contexte, mais aussi par des rapport plus éloignés. La rencontre de cellules voisines d’un contexte produirait elle aussi une résonance du flux de perception. Est-ce une option fondamentalement nouvelle ? Oui, car le flux de perception est un flux ascendant, il monte des cellules primaires vers les cellules supérieures. Mais en pratique, la perception est souvent influencée par un contexte qui n’a aucun rapport avec la perception. Pour cela, il faut donc que le contexte ait un pouvoir élargi.
[Voici une mécanisme possible qui explique l’influence élargie : lorsqu’il existe un concept supérieur qui chapeaute en commun un concept contextué et une cellule stimulée par la perception, le flux de perception devrait arriver à son terme dans la cellule stimulée, car le flux devrait se dissiper dans les strates supérieures. Mais la cellule supérieure commune va être activée par résonance des deux flux (de contexte et de perception). On se trouve bien devant la situation ou un contexte en rapport direct avec l’observation va provoquer la stimulation d’une autre cellule. Cela permet d’expliquer l’influence de contexte sous-jacent. C'est une influence inconsciente des contextes. Voilà une hypothèse de mécanisme à étudier. Dans ce cas, le flux du contexte est aussi un flux ascendant, c’est à dire partant des cellules inférieures vers les supérieures.
Mais, on peut aussi supposer que le flux du contexte soit en même temps un flux descendant (des cellules de contexte vers les cellules de perception). Dans ce cas, on créera un mécanisme d’aspiration : le rôle du flux de contexte consiste à aspirer un flux de perception en train d’étouffer. La résonance de la rencontre lui donnera une dynamique nouvelle afin qu’il puisse gravir assez d’échelons pour parvenir aux cellules activées par le contexte. Ce phénomène donnerait une importance encore plus grande au contexte. Mais ce choix ne présente rien de fondamentalement différent. Il produit seulement un appel plus fort du contexte. Dans le cas d’une programmation, c’est à l’usage qu’il faudra trancher entre ces nuances. ]

Il faut préciser que le contexte est très lié à la conscience dont nous parlerons plus tard : la conscience accroît la force des contextes.

Ajoutons que le contexte possède une sorte de fonction d’énergie globale : le contexte ne peut solliciter un nombre illimité de concept, la génération de nouveau contexte entrainte l’affaiblissement des précédents. (Il n'est pas exclu que la masse d'énergie globale soit variable et par exemple accru dans une forte sollicitation de contexte, mais dans ce cas. Mais dans tous le cas, il est préférable d'envisager une forte inertie de l'energie globale des contexte)
Si la conscience place un contexte fort dans un nouveau concept, elle va prendre l’énergie à tous les contextes précédents (et ce sont les plus anciens qui s'en ressentiront le plus). Ainsi La perception sera davantage sensible à ce nouveau sujet qu’au précédent. C’est la cas où la pensée change de sujet. La régulation de l’énergie totale des contextes semble être nécessaire pour expliquer ces changements de sujet. Maintenant on peut nuancer les propos en imaginant une énergie totale variable ; ce qui donne une certaine idée de l’énergie mentale.
(Une déficience de la régulation de l’énergie des contextes pourrait engendrer une multiplicité délirante de contexte. On peut voir un lien avec certaines formes de psychoses maniaques où l’esprit à l’impression d’une effervessence survolotée, tout le vécu semble sans cesse être lié au contexte, en coïncidence de causalité ; l’enchaînement du vécu semble fortement lié, et toute nouveauté paraît très à propos avec ce qui précède).

Les mécanismes d’auto-organisation.
Nous allons initier l’explication de l’organisation logique et mécanique du système.
[Il ne s’agit pas d’expliquer la logique humaine ou mathématiques, car nous admettrons que ces logiques sont un sous-produit très complexe, issues des mécanismes de base que nous allons décrire. Nous ne fournirons d’ailleurs pas vraiment d’explication aux raisonnements humains, car dans notre modèle ils apparaitront comme des produits hautement supérieurs et organisés de la pensée. Par contre, nous donnerons quelques idées et quelques principes à la base de certains raisonnements].
La logique est un point fondamental du système. Nous allons parler d’une logique élémentaire qui va exercer sur tout le système une contrainte sous forme mécanique et algorithmique. Ces principes vont réguler, transformer, organiser tout les flux, les concepts et les associations. Parmi ces nombreux mécanismes d’auto-organisation, nous pouvons citer le mécanisme de résonance que nous avons décrit précédemment. Mais il nous reste à décrire bien d’autres principes fondamentaux de cette auto-organisation ; commençons notamment par celui qui permet le classement, l’abstraction et la complexification des concepts. C’est le mécanisme de la synthèse.

La synthèse
Notre modèle de la pensée est muni d’un principe automatique non-conscient et non conceptuel (un principe de fonctionnement). Ce principe effectue en permanence une synthèse des concepts existants, c’est pourquoi on l’appelera mécanisme de synthèse.

Principe de base
Une synthèse consiste à regrouper sur un nouveau concept, les cellules ayant des associations inférieures communes.
Nous avons vu que la perception construit de nouveaux concepts en associant les concepts stimulés par les événements extérieurs sous l’influence du contexte de la pensée. La perception n’est pas la seule à produire la création de nouvelles cellules, le principe de synthèse consiste lui aussi à créer de nouveau concepts, mais son mode de création n’est pas la convergence. C’est la ressemblance.
Pour simplifier la compréhension proposons un exemple caricatural. Supposons que dans l'assiette d'un enfant se trouve des navets acheté au marché qui étaient d'ailleurs fort sale sur l'étale du vendeur. On peut dire qu'au concept navet assez abstrait sera associés (en dessous) les concepts déjà connu « se vend sur le marché », « se mange salé », « se cultive dans la terre ».
A toute création d'une nouveau concept, le principe de synthèse consiste à rechercher les frères sémantique. C'est à dire ceux qui ont les même ancêtre. L'enfant trouvera par exemple que « chou », « pattate », « poireau » et « carotte » possède ces même ancêtre. Ainsi juste après la création de la cellule « navet » sera créer un concept synthétique qui ressemblerait à « légume » (mais en très abstrait).

Mécanisme
Le mécanisme de la perception débute avec la stimulation d’une multitude de cellules sensorielles. Le mécanisme de la synthèse, lui, débute avec une seule cellule, qu’on appelera la cellule origine de la synthèse. En particulier, chaque concept nouvellement créé déclenche un processus de synthèse à partir de cette nouvelle cellule. Voyons son déroulement :
La cellule origine déclenche un flux de synthèse descendant miroité.
Descendant : cela signifie que le flux se propage dans les cellules inférieures (les cellules qui sont associées à la cellule origine et qui sont plus près des cellules sensorielles).
Miroité : Chaque cellule stimulée par ce flux descendant va elle- même déclencher un flux ascendant qui monte dans l’échelle de l’abstraction (d’où le nom de miroité).
Le mécanisme qui suit peut alors être comparé au flux de perception et à la création d’un nouveau concept. Mais au lieu d’être une perception (parfois consciente), ce sera un concept synthétique (inconscient). En effet si le flux descendant répulsé par les cellules souches entre en résonance dans des concepts supérieurs (autre que la cellule origine), cela signifie que ces concepts possèdent plusieurs cellules supérieures communes (dont la cellule origine). La résonance sera d’autant plus forte dans chaque cellule supérieure qu’il y aura un nombre d’ancêtres communs importants.
Toutes ces cellules supérieures fortement stimulées (cellules origine y compris) sont alors chapeautées par la création d’une nouvelle cellule qui sera la synthèse issue de la cellule origine. Elle va permettre de ‘clarifier les idées’ et de positionner la cellule origine face à toute sa connaissance.
L’objectif de la synthèse est de créer un concept au dessus des concepts similaires (qui ont beaucoup en commun).
Autrement dit les notions de similarité et de catégorie sont naturelles.

Déclenchement d’un processus de synthèse.
Il reste à voir quand est déclenché ce principe de synthèse. Il y a plusieurs hypothèses possibles. Voici quelques idées :
A chaque création d’un nouveau concept, on peut supposer qu’il existe un phénomène de synthèse qui va chercher à ranger le nouveau concept dans un concept plus général. C’est ce que nous venons de décrire.
On peut supposer que le système de synthèse est gêné par l’activité mentale consciente : nous verrons plus loin que les bases de l’activité consciente reposent sur des mécanismes un peu similaires à ceux que nous avons déjà décrit. On peut facilement imaginer que le potentiel des flux synthétiques (et des flux de recherche que nous verrons plus loin) est lui aussi limité. La priorité d’énergie reviendra à l’activité consciente. Ainsi, l’activité de synthèse inconsciente se fait mieux au repos.
On peut éventuellement supposer que le principe de synthèse sur une nouvelle notion n’est déclenchée que lorsque le flux de contexte s’est estompé en dessous d’un certain seuil afin de ne pas gêner la compréhension sémantique en transformant trop rapidement la perception. Ainsi la synthèse s’effectue inconsciemment.
Dans ce même ordre d’idée, on peut aussi imaginer que le principe de synthèse est déclenché par l’intervention d’un autre flux, ou par l’apparition d’un équilibre particulier des différents flux, etc… Par exemple, on peut supposer que le déclenchement d’une procédure synthétique a lieu lorsqu’on aboutit au flou par trop de concepts stimulés (que nous avons déjà évoqué).

Remarques
A partir du mécanisme de synthèse, on s’aperçoit que deux concepts très similaires, seront synthétisés en un nouveau concept qui les chapeaute. Mais une autre conséquence de cette synthèse consiste en ce que ces deux concepts vont être plus difficile d’accès à la perception. En effet, si on appelle niveau 1 les ancêtres communs, niveau 2 les concepts très similaires et niveau 3 le concept synthétique. Il se trouve qu’un flux de perception stimulant le niveau 1 va résonner au niveau 3, beaucoup plus fort qu’au niveau 2. Le niveau 2 ne sera plus un concept maximal. Il ne pourra être réellement stimulé sans se propager au niveau supérieur – et donc créer de nouvelle association – que si la stimulation par ses cellules inférieures provient de cellules qui le différencient vraiment de l’autre concept avec qui il partage la synthèse. Si les spécificités propres sont trop faibles, le concept ne sera plus appelé. Il ne construira donc plus de nouvelle association.
Nous avons parlé de disparition de cellules, nous sommes donc très près d’aborder le mécanisme de simplification. Pour simplifier, disons que deux concepts très similaires dont la différence n’est pas stimulée finiront par disparaître pour ne laisser place qu’à un unique concept synthétique.

Le principe de la synthèse exlique aussi certains phénomènes de perception. Donnons un exemple :
Si le concept « légume » (Niveau 3) vient d’être créé par synthèse à l’occasion de la création d’une cellule origine « navet » (niveau2) qui repulse dans le niveau 1 avec des concepts du genre « se vend sur le marché », « se mange salé », « se cultive dans la terre » et rejoint le niveau 2 (chou, pomme de terre, poireau, carotte) pour créer le concept synthétique « légume » au niveau 3. Dans ce cas, il est normal qu’un flux de perception passant dans ces cellules du niveau 1 va résonner beaucoup plus fort au niveau 3 qu’au niveau 2, à cause de l’accumulation des convergences ; c’est d’ailleurs le rôle de la synthèse. En pratique, il est rare que le schéma soit aussi simple (voir la subsumation).

Le processus de synthèse est très important pour ordonner, abstraire et classer les informations par catégorie.

Comme pour tous les autres flux, on peut supposer que la synthèse est déclenchée avec une force plus ou moins grande : plus la force est grande plus le flux miroir descendant ira profondément vers les ancêtres (mais la synthèse ne peut être envisagée à un niveau trop profond, à cause de la multiplicité des convergences qui deviendrait trop grande).

Le processus que nous avons décrit pourrait être envisagé sous multiples autres formes ou même décliné en plusieurs mécanismes indépendants. C’est sans doute l’un des aspect du modèle qui pourra adopter le plus de variantes car c’est l’un des plus délicats. Pour en donner une bonne formulation mathématique, il faudrait une étude approfondie des mécanismes de la mémoire, de la préconscience, de l’association d’idées, de l’acquisition, etc. par la psychologie expérimentale (en espérant qu’il soit compatible). Pour l’instant, nous nous contenterons de cette formulation rapide de la synthèse, tout en percevant sommairement les mécanismes fonctionnels élémentaires.

L’oubli
En s’interrogeant sur la mémoire et en particulier sur l’oubli, plusieurs principes peuvent être retenus pour l’élaboration de notre système :
le premier principe est celui de la rémanence des concepts nouvellement créés ; il fait référence à la mémoire courte : on comprend qu’en cas d’afflux de perception important et de même contexte (par exemple la conscience concentrée sur un défilement de chiffres) le mécanisme de synthèse étant limité en action à cause de la quantité et de la similarité. Il y a aussi une limitation dans la mémorisation. Les événements non abondamment liés de façon distincte et synthétisés sont voués à une disparition rapide. En dessous d’un certain seuil d’association, les événements disparaissent rapidement. De même, un concept isolé issu de la perception qui n’est plus sollicitée est par principe balayé dans un temps très court ; d’autant plus court, qu’il correspond à un concept moins synthétique ; et encore plus court s’il n’est pas marqué par la conscience. Des expériences montrent que la mémorisation de certaines stimulations sont de l’ordre de la fraction de seconde. La durée d’existence d’une cellule créée est appelée la rémanence. Dans ce genre de situation la rémanence des cellules créées est très courte.
On peut ensuite citer les phénomènes liés à la synthèse que nous avons évoqué plus haut (cf synthèse). Les concepts intermédiaires non suffisamment différentiés qui ont permis l’acquisition d’un concept synthétique disparaissent plus rapidement que la cellule de synthèse créée. N’étant plus activé personnellement comme concept maximal, le concept est réduit au rôle fonctionnel de canal. Il n’est plus sollicité pour sa particularité propre. C’est le cas des concepts intermédiaires d’un apprentissage qui permettent d’acquérir un concept abstrait. On peut imaginer, c’est une option envisageable dans la programmation informatique du modèle ou dans une perspective non locale du cerveau (voir en conclusion du modèle) que les concepts intermédiaires disparaissent lors de la fabrication de la synthèse par un mécanisme automatique. On pourrait parler d’une simplification des associations. Il y a deux voies pour ce type de simplifcation :
- On peut tout d’abord imaginer des d’algorithmes de simplifcations qui ne détruisent pas la mémoire d’ensemble mais qui font des simplifications locales sans perte de relations au niveau général. Un peu à la manière des simplificateurs de code machine pour les langages de programations.
- Mais on peut aussi imaginer une simplification dûe au peu de résonance. En effet, un concept synthétique étant au-dessus dans la chaîne pyramidale, la résonance se produira davantage au niveau synthétique. Et par manque d’usage on peut imaginer des principes de simplification des circuits.

Quelque soient les principes de « ménage » utilisés, on constate l’existence du phénomène suivant : la mémoire retient des concepts de plus en plus abstraits et les concepts isolés se détériorent plus rapidement que les concepts synthétiques. En résumé, on peut dire que le ménage se fait par le milieu : entre les concepts très anciens (proches de la perception qui sont bien stables et très utilisés, qui permettent de décoder le monde) et les concepts les plus abstraits qui demeurent longtemps. On peut aussi comprendre par ces processus de simplification pourquoi les concepts associés à des événements plus précis, synthétisant une expérience, sont conservés davantage que des concepts servant d’intermédiaire à l’accomplissement d’un objectif.

On peut présenter ici un exemple vécu qui montre la bonne adéquation du modèle avec le mécanisme mental : parlons de la réaction humaine face à un apprentissage en masse devant un type d’information monotone (par exemple l’apprentissage d’une liste rébarbative de termes…). Une information répétitive sans grande nuance est difficile à mémoriser pour la simple est bonne raison que les associations construites seront toujours les mêmes, on va donc aboutir à un flou, une difficulté de dissociation et donc une saturation de connexion par manque de synthèse, la synthèse étant toujours la même. Il y a confusion et non dissociation des concepts. C’est pourquoi l’apprentissage de grande liste demande la construction soit d’une compartimentation mentale, soit d’association multiple. Dans tous les cas , il faut construire des associations variées pour que chaque objet de liste puisse correspondre à une stimulation précise, unique et différentiée (y compris les stimulations chronologiques comme nous le verrons). Ce genre d’apprentissage connaît souvent une dégradation importante dûe à la pauvreté des utilisations ultérieures.
Il y aurait beaucoup de chose à dire sur la mémoire et l’oubli. Il me semble que notre modèle peut donner une certaines unité globale à l’explication des phénomènes de la mémoire et de l’oubli. Reste à voir les détails.

Il est aussi possible d’envisager des flux de nettoyage, mais nous n’approfondirons pas cette hypothèse pour ne pas compliquer l’exposé.
Voici alors une question qui naît de cette description sur l’oubli de mémoire : que deviennent les cellules balayées ? On peut envisager deux sortes de mécanismes :
Soit elles sont réutilisables,
soit elles sont perdues.
Mais cela dépend beaucoup de l’interprétation qu’on donnera au modèle : si l’on pense à une traduction en terme physiologique ou à une implémentation informatique. Dans le premier cas, les cellules existant antérieurement à l’association, on peut supposer leur réutilisation. Dans le second cas, la question n’a pas forcément beaucoup d’intérêt ; en particulier dans le cadre d’une implémentation en mémoire dynamique (software et non hardware).

La gestion de la mémoire telle qu’elle a été présentée permet de prendre en compte les différents types de mémoire :
à très court terme (fraction de seconde) pour les perceptions en série ou en très grand nombre qui ne sont pas associées rapidement. (défilement de lettres sur un écran)
à court terme (observation plus ou moins inconsciente d’une pièce)
à moyen terme (le repas manger à midi)
à long terme : l’apprentissage du langage, du mouvement, les souvenirs…
Dans le cadre de notre théorie on peut aussi donner un sens aux différentes théories de l'oubli :
la théorie du déclin : elle dit que l'oubli est un mécanisme naturel de désagrégation par manque de stimulation. Notre modèle est justement construit sur un principe de désaggrégation de la mémoire avec le mécanisme de rémanence. Et nous ajoutons que la disparition est d'autant plus rapide que le contexte initiale était peu stimulant.
la théorie de l'entrave : elle dit qu'un oubli est du à la fragilité des accès associatifs qui sont pourtant réactivable. Cela est vrai dans notre système, cela est notamment expliqué par le contexte activé qui font converger l'information ailleurs. Si l'association est faible, il faudrait, pour la maximiser, stimuler au mieux l'ensemble des sens sous-jacents. On accède en général à une cellule que par une partie de ces sens sous-jacent), il ya donc la plupart du temps moyen d'optimiser le remémorisation d'un souvenir.
Il reste à expliquer la résurgence des souvenirs d'enfance dans l'âge mur. Voici un essai en quelque mot : ce constat nous révele un mode de fonctionnement du système de la mémoire : dans la jeunesse la rémanence des événements épisodiques est longue (soit parce que dans la jeunesse, le système possède des paramêtres plus dynamique à la résonance, soit parce que la formation des concepts fondamentaux qui serviront toute la vie en liason avec des événements vont conduire à la réactivation inconsciente de ces évenements tout la vie, soit les deux). Dans l'âge mur les évenements du quotidien possèdent beaucoup moins de rémanence. Probablement pour les deux mêmes raisons (la seconde pouvant être vu comme une conséquence de la première) : la pensée utilise davantage des concepts ressassés, donc saturés. Et la dynamique global est aussi peut-être plus faible (peut-être conséquemment à son usage). Les évenements du quotidien s'imprimant de moins en moins dans la mémoire, les événements del'age médian devenant lointain ayant été imprimé avec moins de force que dans la jeunesse, il va se produire le renversement des stimulations : les stimulations sensoriel vont finir par réactiver les cellules les plus dynamique que seront naturellement les concepts accumulé dans cette phases de la jeunesse. L'apparence anodine de ces souvenirs, n'est pas en contradiction avec l'idée d'avoir servit à définir les concepts fondateurs de la vie. Ces concepts fondateurs sont potentiellement très partiel à l'intérieur de ces souvenirs anodin. De plus, il est probable que ces concepts fondateurs ne sonts pas discutés dans le langage) et qu'il sont donc très difficile à identifier.
La théorie de l'interférence : il s'agirait d'expliquer l'oubli par un souvenir proche qui plus fort et qui empêche donc l'accès au souvenir oublié. L'explication est la même que la précédente, elle se conforme complètement au même modèle.
La théorie de l'oubli motivé : cette théorie là est différente et ne peut être expliquée ici par notre modèle, il faudra avancer davantage dans la présentation de le théorie des ordres notamment. Cet aspect de l'oubli consiste à dire qu'un concept est oublié quand il est associé à un souvenir de malaise. Il s'agirait donc d'un refus de la mémoire à fournir des souvenirs traumatiques. (Freud voyait là une capacité de la mémoire à décider ; une autonomie de l'inconscient. Mais nous verrons que cela s'explique en dehors de cette approche). En voici l'explication dans un langage que l'on expliquera que plus tard : les flux de besoin n'étant pas résolu par des flux de satisfaction, ces concepts sont imprimer du sens « souffrance ». Or la mécanisme de recherche sont au contraire fondamentalement guidé par la recherche de satisfaction. Ces souvenir sont donc naturellement difficile à faire éclore, et cela d'autant plus que la trace du flux de besoin non satisfait (la souffrance) est importante.
Au total, on s'aperçoit que le mécanisme de mémoire est relativement bien rendue par le modèle, il reste à confirmer que tous ces mécanismes sont conciliables en réalité et pas seulement en hypothèse.

L’usage incessant
Décrivons ici le mécanisme particulier des concepts très utilisés, ceux qui servent en permanence à la perception du monde et au comportement de base :
Ces concepts sont très régulièrement et abondamment traversés par des flux. Ils sont donc très important en force, très stables et leurs associations présentent un débit important et rapide. Mais paradoxalement, le nombre d’associations importantes qui les lie aux concepts supérieurs les voue à n’être jamais plus des cellules maximales de la perception. Aucun type de flux ascendant n’aboutira à leur niveau. Comme tous les regroupements de perceptions possibles se sont déjà produit, les concepts supérieurs sont tous déjà construit. Le flux trouvera donc toujours résonnance dans les cellules supérieures et jamais à leur niveau. Ces « concepts incessants » ne joue plus que le rôle de canaux. Et comme nous le verrons plus tard, dans ce cas il ne parviennent plus à la conscience.
On peut se demander comment des millions d’associations peuvent prendre un sens sur un même concept. Prenons un exemple : le son «s », intervenant dans tant de mots, et surtout tellement sollicité tous les jours. Est-il possible d’avoir autant d’associations différentes sur un seul et même concept ? Nous pouvons facilement imaginer que cela n’arrive pas de la sorte : les associations ne se multiplient pas sans cesse sur un même concept. Les causes en sont multiples :
Le principe de perception qui n’associe nouveau concept qu’au concept les plus stimulés : les concepts le plus en bout de chaîne possible, ceux qui situent le plus globalement la perception. L’association va donc privilégier les sommets plutôt que la base. Pour qu’une cellule soit assossiée sans cesse à l’infini, il faudrait que se présente une situation assez curieuse : sa spécificité devrait à chaque fois être toute indépendante et sans aucun rapport avec les associations précédentes. Cela semble d’autant plus difficile pour les cellules proches des sens qu'elles ont une perception très primaire.
le processus de synthèse. Quand un concept est associé à la création d’un nouveau concept, le processus de synthèse (s’il n’a pas été inhibé) va construire des extensions du concept de base ; extensions assez nombreuses, quitte à faire disparaître ce concept (dans le cadre du nettoyage par le milieux). Il suffit de bien ajuster les formules du mécanisme de la synthèse pour qu’il existe un nombre moyen standard de concepts synthétiques par concept. Ce nombre sera le résultat des nombreux seuils pour lesquels ont lieu ou non la création d’un nouveau concept. S’il y a beaucoup de cellules supérieures, il y aura forcément des ressemblances synthétiques et la stimulation par le flux miroité de la synthèse atteindra le seuil nécessaire à la création de nouveau concept. S’il y a peu de cellules supérieures le seuil ne sera pas forcément atteint. L’équilibre se fera donc naturellement et on ne trouvera pas de concept surchargé.
Un concept chargé se subdivise en concepts synthétiques différenciés. De sorte que tout concept peut avoir un nombre maximal d’associations. La synthèse joue ainsi le rôle de régulateur de surcharge en réorganisant le système.
Cette réorganisation possède une forme pyramidale qui garantie la rapidité d’acheminement entre la stimulation et le concept final. Mais en même temps, la stimulation possède une adaptation au besoin local. Chaque utilisation abondante sera nuancée en nombreux concepts synthétiques en fonction de la quantité d’associations qu’il faut gérer sur un « concept original». Ce concept se démultipliera en autant de « sous-concepts », eux-mêmes synhtétisés par un concept plus élevé qui redonnera vie au concept original, mais à un niveau de nuances et d’abstraction supérieur dans la pyramide. Autrement dit, l’expérience affine sans cesse les concepts qui deviennent de nouveaux concepts à part entière (les expressions « sous-concept » ou « concept original» n’ont pas vraiment de sens, puisque chaque concept possède le même mécanisme, c’est une façon didactique de présenter les choses). Ainsi, toute expérience crée de nouveaux concepts qui vont nuancer les concepts ressemblants déjà existants. Un concept général, comme « voiture » par exemple, sera sans cesse enrichi et synthétisé toujours plus abstraitement. Par ailleurs, les détails d’abstractions (forme, bruit du moteur, couleur, confort, usage, etc…) vont elles aussi devenir de plus en plus abstraites et se fondre avec tous les autres concepts pour donner un sens toujours plus abstrait au concept «voiture». Il en est de même pour le son « s ». Seulement il y a fort à penser que le concept général « s » (autant que cela puisse avoir du sens) sera assez rapidement établi dans l’enfance pour parvenir à une organisation certes complexes mais assez stable et n’ayant plus beaucoup de changement profond dans la vie qui suivra.
En résumé chaque concept très fréquent va prendre une allure toujours plus complexe, abstraite et organisée.

Système de régulations des flux
Nous avons vu les mécanismes de base du transport et de la propagation du flux, mais nous n’avons pas énoncé en précision les formules d’interaction. Rappelons que la perspective de modélisation est toujours double : il s’agit d'une part de donner une explication du fonctionnement du cerveau et d'autre part de se situer l’explication sur le plan de la modélisation informatique. Ainsi, le choix des formules servant à modéliser les mécanismes décrits n’est pas sans importance. Si l’imagination est optimiste, le réalisme nous donne d’envisager plusieurs problèmes délicats :
Si le taux de résonance du flux est trop important, le système peut « s’emballer » et produire des cycles sans fin entre les flux ascendants et les flux descendants du contexte, jusqu’à saturer complètement le système.
On peut aussi penser que le flux soit trop faible pour activer un mode de fonctionnement parvenant aux cellules de concept maximal, ce qui conduit le système à s’éteindre.
Il faut que les mêmes formules puissent garantir un fonctionnnement très localisé ou très étendu. Il faut aussi que ces mécanismes s’adaptent à toutes les situations, qui sont imprévisibles, puisque c’est l’interaction extérieure qui va produire l’apprentissage.
Après ces constats, il est peut-être nécessaire d’envisager un système régulateur vérifiant que le taux de stimulation est compris entre certains seuils. Si l’essentiel de cette bonne régulation résidera dans la bonne gestion locale des flux par un mécanisme interne aux cellules, on peut éventuellement envisager un mécanisme global de régulation, non seulement pour les contextes mais aussi pour la perception. Même s’il est envisageable, il est vrai qu’un tel mécanisme global s’adapte a priori assez mal sur le système, un système de régulation locale paraît plus adapté. Mais dans la cadre d’une programmation, c’est à l’usage qu’il faudra en étudier la nécessité.
Il faudra jongler avec les formules reliant tous les flux les uns aux autres de telle sorte que ces flux soit régulés, tout en possédant la grande liberté qui est la base du mécanisme.
On peut aussi envisager une étude théorique pour que les formules choisies au niveau local entretiennent un mécanisme de régulation au niveau global. Mais il y a de fortes chances qu’un tel problème soit de nature non linéaire et extrêmement difficile à résoudre.
En résumé, pour chacun des principes de fonctionnement, il peut être envisagé des mécanismes de régulation afin que le fonctionnement soit optimal.

L’aspect échelonné de la perception
Il faut ajouter une autre précision : nous avons simplifié le problème en disant qu’à chaque instant les cellules les plus activées (par le flux de perception) se réunissent pour former un nouveau concept. Mais il est temps de nuancer le principe.
La perception est sectorisée: par exemple, un « concept sonore » sera beaucoup plus facilement lié à un autre « concept sonore », qu’à un concept image. Et cela d’autant plus que le niveau est bas dans la pyramide de perception. De façon plus générale, n’importe quel code de compréhension : langage, vision, écoute, expertise dans un domaine quelconque, possède une incidence régionalisatrice sur la création de nouveau concept.
On peut se demander comment il est possible de définir des secteurs alors que par définition le terrain est neutre de sens. A priori, il semblait que toute connexion pouvait se faire partout. En fait le principe de régionalisation tient de deux principes naturels :
Le premier consiste à supposer que les différent types de perception possèdent eux-mêmes une certaine régionalisation physique. Autrement dit, les cellules sensorielles possèderaient une localisation spatiale et l’interconnexion serait facilitée par la proximité spatiale.
Une nuance de ce mécanisme pourrait s’exprimer de la sorte : il pourrait exister par secteur de perception sensorielle (vision, écoute,odorat,…) une liaision préétablie entre les cellules sensorielles qui envoient un flux de contexte dans les cellules de même secteur. De sorte que le flux va « raisonner » davantage dans les secteurs de proximité. Ainsi les liaisons se feront plus facilement par secteur.
Le second principe est peut-être suffisant à lui seul pour produire la régionalisation. En effet, une régionalisation naturelle n’explique pas la régionalisation des codes de perception (par exemple l’apprentissage du langage, repose sur des mélanges de différent type perceptif). La reconnaissance doit reposer sur une sectorisation mixte. Ce second principe est assez naturel : il repose sur une recherche dans la dimension de proximité historique et sur une sectorisation naturelle :
La sectorisation ne proviendrait pas seulement d’un mécanisme interieur, mais de la perception extérieure. Le sens existe naturellement par secteur. Par exemple, le son prend du sens en étant lié avec d’autre son, de même pour la vision. Comme les liaisons issus des mêmes secteurs se répêtent, durent, ce sont elles qui vont s'implanter. Ainsi, le sens extérieur qui s’enracine est un sens sectorisé.
Les associations qui auront le plus d’usage sont celles qui seront le plus sollicitées par la perception. Cela produit une association naturelle par secteur de perception. Ainsi le tissu de connexion est sectorisé du simple fait de la perception qui s'associe fréquemment par secteur de perception.
Mais cela est encore insuffisant, il faut expliquer comment une « trop mixte » association peut se corriger sans pour autant perdre d’acquis essentiel qui est régionalisé. Ce principe fondamental revient au fait suivant : lorsque un flux progresse, il cesse de progresser dès qu’il ne trouve plus de résonance. Ainsi, la dernière cellule résonnante est beaucoup plus forte que le précédente. C’est cette cellule qui sera utilisée dans la création d’un nouveau concept. Or, dans un flux de perception, si le flux majeur trouve son aboutissement jusqu’au sommet de la pyramide, il se trouve que de nombreuses cellules ont résonné sur le parcours du flux ; et pourtant, elle ne sont pas sur le chemin du flux qui converge vers la cellule maximale. Autrement dit, le mécanisme consiste en une perception de second ordre. La perception principale sera la cellule maximale qui recueille le flux le plus important. Mais il existe d’autres cellules très éloignée (en connexion) qui ont reçu une activation de seconde importance. Il va donc être déclenché un processus de création de nouvelle perception intermédiaire. C’est ce processus qui va expliquer la régionalisation par a reconnaissance automatique des secteure du fait de leur proximité sémantique.
Est-ce que cette approche est suffisante pour poduire la sectorisation ? L'expérimentation pourrait trancher cette question. mais une solution légèrement plus complexe à ce problème sera apportée plus tardivement dans ce que nous appellerons la théorie modulaire au moment où nous chercherons une harmonie de notre modèle avec les données physiologiques.

L’idée principale du mécanisme de création de nouvelles cellules à la suite de la perception est donc la suivante : lorsqu'une cellule a suffisamment été activée sans trouver de résonance à la périphérie (dans la suite supérieure et proche de la cellule) , il va se déclencher un mécanisme de création de nouveau concept. De plus, la création de ce concept se fait par recherche de proximité sur la dimension historique, autrement dit sur les connexions dejà existantes. Comme nous l’avons dit, le nouveau concept cherche à rassembler tous les concepts finaux ou maximaux, ceux qui sont en « bout de piste » de résonance.
Pour matérialiser cela, on peut imaginer que chacune de cellules maximales envoie un flux de création en tout sens. Ce flux sera à son tour résonnant avec un autre flux de création ; et ce flux utilisera naturellement le circuit existant. Lors de la résonnance est réémis « un flux retour de création », qui permet d’attester aux cellules maximales la présence d’autres cellules maximales. Voilà pourquoi les cellules se « retrouveront » uniquement si elles sont déjà plus ou moins liées par une certaine proximité. Ainsi, la création ne se fait pas seulement en rassemblant les cellules excitées par le flux de perception, mais aussi au travers des cellules excitées par le flux de création selon le processus que nous venons de décrire ; processus que nous détaillerons plus loin.
La première conséquence de ce mécanisme est la possibilité de création de nouveaux concepts à tous les niveaux du chemin suivi par le flux de perception ; pas seulement sur la cellule finale , mais aussi à des niveaux intermédiaires. Cela se produit s’il existe plusieurs concepts proches et maximaux stimulés dans le cours de la perception qui ne trouve pas un aboutissement plus fort au desus d’eux. Le résultat qui en découle est que tous les petits détails de la perception dans chaque catégorie déjà existante (formes, couleurs, sons, etc..) va s’inscrire dans la mémoire en s’organisant localement, c’est à dire de façon régionalisée. Quelque soit le type de connaissance dont il s’agit, les cellules stimulées vont s’organiser avec ceux qui les côtoient. Ainsi, même si le sens général d’une perception (la conscience) est situé sur une idée abstraite, le système construit par ailleurs l’ensemble des concepts-détails de la perception qui stimule les sens. Il faut ajouter à cela que la force du flux de création dépendra de la force de stimulation ; ainsi, tout détail suffisamment nouveau ou particulier, et suffisament intense, sera codé par un nouveau concept.
Cette perception locale est un principe fondamental de la perception. C’est ainsi que tout au long du parcours du flux de perception se crée des nouveaux concepts. Ce principe explique que la foison des détails de la perception (de la vision en particulier) est véritablement codée sans être consciente. Leur durée de vie peut être très brève. N’étant pas utilisés ou réactivés, ils vont disparaître rapidement. Et comme nous l’avons dit, on peut envisager un mécanisme d’énergie globale qui limite cette création aux concepts les plus forts.

Dans le processus d’apprentissage, ce mécanisme est aussi celui qui permet l’affinement des notions, en apportant des détails à des concepts déjà existants. En permanence, l’apport de détail - qui ne nécessite pas la conscience - va permettre un apprentissage de plus en plus complet du monde extérieur sans avoir à y fixer une attention soutenue et détaillée.
Mais le mécanisme ne s’arrête pas là, il faut envisager un mécanisme d’intégration de ces enrichissements « en cours de route ». En effet, tel que nous l’avons présenté, un nouveau concept a été créé mais ce concept est un sommet du parcours. Il n’est pas une étape de reconnaissance du monde extérieur. Il faut pourtant que ce concept prenne place dans l’ensemble de la connaissance pour être reconnu et placé par rapport aux connaissances existantes. Pour résoudre ce problème d’intégration, l’idée est la suivante : dans le processus de création de ces cellules « intermédiaires », il se déclenche un mécanisme de synthèse au moment de la création. Le mécanisme de synthèse va créer un concept supérieur qui donnera sa place au nouveau concept par rapport aux concepts existants. Seulement il faut envisager une petite extension au mécanisme de synthèse (cette particularité peut s’étendre à tous les processus de synthèse après création.) . L’idée est de brancher cette cellule sur un concept plus élevé qui a été activé par un flux de perception (lorsqu’il existe) ; ce qui permet d’envisager le cas général mais aussi le cas particulier où l’on parvient à une cellule finale. Pour cela , iI suffit d’imaginer que le flux de synthèse qui se dirige vers les cellules supérieures cherche à établir une résonnance avec un concept excité par un flux de perception. S’il est trouvé (éventuellement plusieurs) le branchement est effectué en même temps que la création de la cellule de synthèse, l’intégration contextuelle est réalisée.
Mais il faut bien sûr envisager un certain nombre de seuils et de conditions pour que le nouveau concept soit créé. Par exemple, il ne peut associé trop de cellules en même temps. Pour cela, le principe de régionalisation peut être affiné en imposant un branchement privilégié des cellules les plus localisées. Il faut un certain seuil d’activation pour que se produise une association, etc… autant de détails qu’il faut régler dans une modèle mathématique.
On verra plus loin que l’activité mentale est loin de se résumer à la perception ; on peut dès lors anticiper, en évoquant que la capacité de création des concepts sera soumise à des tâches en attente, que cette création sera d’autant plus efficace qu’elle sera dépendante d’une tâche prioritaire, et d’autant moins efficace que la primauté est donnée à une autre activité.
En fait, derrière cette création de nouvelles cellules se cache un autre phénomène que nous détaillerons plus loin : le principe de la gestion énergétique. Quand toute l’attention est captée quelque part, l’énergie disponible à la création de nouvelles cellules diminue. Et tous ces paramètres sont à considérer dans les formules qui vont réguler la construction des concepts.

L’aspect temporel de l’association
Nous n’avons pas abordé l’aspect fondamental du temps dans les flux, dans l’association et la création. Et pourtant, le temps intervient de manière essentielle dans deux aspects spécifiques :
l’ordre chronologique
la mesure du temps.
Il est clair qu’il existe dans la mémoire une perception de l’ordre des événements. La perception de l’ordre est un phénomène qui ne se résume pas à un unique mécanisme. Il existe une perception de l’ordre par analyse de causalité (la logique de l’ordre). Dans ce cas, l’ordre n’est pas instinctif, il n’est pas codé dans la mémoire, il n’est déterminé qu’après réflexion plus ou moins consciente.
Mais il existe aussi une perception de l’ordre par mémoire de la succession d’événements, un perception de l’ordre par comparaison à d’autres événements, etc…
On pourrait entrer dans beaucoup de subtilité. Mais de ces généralités nous dégageons le fait essentiel qu’il existe une mémoire de la succession des événements. Cette mémoire fonctionne d’autant mieux que les événements sont liés par des faits qui contiennent une logique temporelle (logique doit être compris au sens très large).
L’ordre peut trouver une explication aisée dans notre modèle : un événement continu qui se déroule entraîne la création de nombreux nouveaux concepts, qui vont facilement se construire les uns au-dessus des autres. La chronologie est alors inscrite dans le processus de construction par la hiérarchie des concepts. Toujours à partir du modèle, on conçoit facilement que la chronologie des événements soit plus ou moins forte, selon que les événements sont fortement associés hiérarchiquement ou non. Mais un problème autrement plus difficile est celui de l’évaluation du temps.
Dans la perception comme dans l’action, il existe une conscience du temps. Nous nous occuperons présentement des phénomènes passifs. Concentrons-nous d'abord sur la perception. Un exemple de la précision de la perception du temps est la perception du rythme en musique. Une personne habituée à écouter de la musique reconnaît des différences rythmiques très fines. Il ne s’agit pas seulement de chronologie, mais bien de perception de durée du temps, il y a une perception relative, mais il existe aussi une certaine perception absolue (beaucoup moins précise que la perception relative).
En fait, il existe plusieurs phénomènes qui permettent une mesure du temps. Les mesures à long terme, de plusieurs heure, jours mois ou années, sont facile à relier par estimation analytique, par comparaison aux connaissances et référence chronologique. Mais il existe certain nombre de phénomènes qui font référence au temps de façon bien établie. Il nous est par exemple possible d’éstimer très précisement la durée d’une stimulation par rapport à d’autres très précisément. Dans l’aspect rythmique de la musique, il est possible d’estimer à un tempo donné, la durée de chaque note (ronde, noire, quart de temps,etc…). Le décompte des secondes ou bien des phénomènes ponctuels montre que nous savons apprécier la durée. Quand on écoute quelqu’un parler, on parvient à reconnaître les durées de prononciation (certains accents). De façon générale, on sait souvent assez bien estimer la durée d’un événement bref sans avoir recours à l’analyse raisonnée par rapport à d’autres événements. Etc. Pour intégrer cette faculté de mesure du temps, de mesure de la durée d’une stimulation, il y a plusieurs possibilités :
la première consiste en la mesure du temps par référence à la mesure des rythmes biologiques internes (pouls, respiration, battement des cils, digestions,... et pourquoi pas la vitesse de la pensée par mesure de création des concepts ou autres). De façon inconsciente, tous ces mécanismes introduisent dans la pensée des signaux de sensation primaire qui peuvent inconsciemment être traités en mesurant le temps, par simple comptage chronologique. Il est clair qu’en intégrant de nombreux paramètres, il faudrait un système complexe d’équilibrage des différentes sources. Mais cela ne pose pas un problème majeur dans le sens où le modèle est censé posseder ce genre d'intelligence… Puis il faut intégrer la mesure rythmique dans la perception ; on peut envisager cela selon des mécanismes que nous détaillerons plus loin.

La seconde possibilité consiste en l’existence d’un centre de mesure du temps, l’existence d’une horloge interne. Là aussi, on peut imaginer plusieurs solutions :
ce centre enverrait périodiquement des influx similaires aux influx de perception, en se combinant au influx de perceptions. Il inclurait une valeur temporelle à la perception. Cette méthode présente la difficulté suivante : il semble difficile de connecter les influx nerveux à toutes les perceptions, car il faudrait une quasi omniprésence de ce flux de perception. Il est possible d’imaginer des mécanismes plus subtiles, mais il faut éviter que ces flux ne saturent le système. En particulier, quand on considère la finesse des mesures à effectuer qui suppose un nombre important de flux. On pourrait imaginer plusieurs sortes d’influx avec des intervalles différents…; comme toujours une grande liberté de modèle s’offre à nous. On peut aussi s’interroger si cet influx n’est pas davantage orienté vers certains paramètres de perception, par exemple davantage sur l’ouïe que sur le toucher , le goût, la vision, etc… Mais dans l’ensemble, un tel principe présente un coût de flux gigantesques qu’on imagine difficilement, au vu du principe d’économie présent dans la nature.
La deuxième possibilité consiste en un flux qui n’est pas présent partout dans le système, mais uniquement à un certain niveau d’abstraction (ni trop élevé, ni trop faible). Il est bien clair que la perception temporelle n’est pas incluse dans toute la pensée ; beaucoup de phénomènes mentaux se déroulent de façon atemporelle : la pensée, la réflexion, semble la plupart du temps faire abstraction de ces mesures. C’est pourquoi, on peut penser que le flux n’atteint pas tout le système. Mais dans ce cas, on est confronté à un problème épineux : cette hypothèse suppose l’existence d’une stratification de la pensée. Cela ne paraît pas aberrant au vu des expériences, mais il est difficile de concilier les differences de perception de la temporalité en sectorisant certain type de pensée comme temporelle et d’autres non. Il faudrait que le siège de l’abstraction soit totalement rassemblé en un lieu à part. Or, on se demande comment cela pourrait se produire sans gros efforts, au vu du système que nous avons développé. Par exemple, cette méthode imposerait une trêve à la synthèse pour pouvoir permettre l’intégration de la composante temporelle à la perception indépendamment de la synthèse, etc... On comprend bien que certaines données sont temporalisées et d’autres non. L’abstraction de haut niveau issue de la synthèse donne une idée non temporalisée du monde. La synthèse allie des données très éloignées temporellement. Le problème est donc délicat à résoudre.
Une autre possibilité pour le modèle consisterait en ce que la temporalisation ne soit effective que lorsque c’est nécessaire : un flux de perception qui ne trouve pas de synthèse se poursuit plus loin et atteint cette zone temporelle ; la dimension temporelle est alors incluse. Mais cette version semble assez peu probable pour plusieurs raisons . Tou d'abord cela suppose que la temporalisation est tardive ; or il semble qu’elle est relativement réflexe et rapide dans certaine situation. Ensuite le fait que l’association se poursuive si elle ne trouve pas de résonance ne cadre pas bien avec le modèle décrit ci-dessus, il faudrait un chemin pour qu’elle se poursuive. On peut alors nuancer : au lieu d’un chemin, on pourait parler d’un dimension temporelle qui est ajoutée. Mais là encore, comment stocker une durée de temps ?
On peut aussi imaginer que le flux lui-même est temporalisé. Cela signifie qu’il possède non seulement une composante intensité, mais aussi une mémoire du temps, par exemple par un influx contenant deux valeurs distinctes (voire davantage) - biologiquement par des combinaisons chimiques et électriques différentes et informatiquement par un vecteur à deux composantes – qui permettent de transporter la variable temporelle, par exemple par une fréquence de pulsation. On peut aussi imaginer que la temporalité est transportée par une dégradation régulière d’une force initiale. Cette méthode oblige certaines contraintes : le temps ne peut pas être codé avec grande précision, avec un seul vecteur initial. Même dans le cadre d’une décrémentation logarithmique (telle la radioactivité), ce qui semble le plus probable, il est difficile d’envisager une échelle de perception très fine. Dans une telle perspective, il est nécessaire de revoir le principe de résonance, il faudra intégrer la variable temps. Il est possible mais difficile (coûteux en structure) d’envisager l’existence d’une mémoire de cette variable dans le phénomène de résonances et/ou dans le phénomène de synthèse qui mémorise la valeur de rencontre pour amplifier la résonance. Cela cadre mal avec le principe de base de notre modèle : le chemin suivit détermine le sens de la perception. Inclure une donnée temporelle dans le signal donne une valeur très différente à la perception du temps par rapport aux autres perceptions sensorielles, ce qui enlève à la neutralité des concepts. Et par ailleurs, il ne semble pas que la perception du temps soit si prégnante et primitive dans la totalité de la pensée. Les difficultés aparaissent donc lorsqu’une distinction sémantique est faite sur l’aspect temporel. Sans exclure cette voie, elle ne semble pas non plus la plus adaptée.
On peut aussi imaginer que l’aspect temporel est traité très précocement dans le chemin de la perception. Comme nous l’avons déjà expliqué sous l’intitulé « interface perceptive », il est possible d’intégrer une certaine partie de l’aspect temporel sous forme d’un pré-traitement du signal. Un peu à l’image d’une analyse de fourrier qui décompose un signal sonore en des données d’une autre nature (l’échantillonage est transformée en fréquences) permettant de recomposer le signal, il est tout à fait envisageable que le cerveau possède aussi certaines interfaces qui codent non seulement le signal, l’intensité, mais aussi sous une certaine forme sa durée. De sorte que les cellules primaires du système (après l’interface) contiendraient elles aussi la variable temps. Par exemple, en envoyant un signal de départ et un signal de fin (ou de façon plus complexe en fonction de l’intensité), on peut imaginer beaucoup de méthode. L’idée consiste à coder le temps de même qu’est codée la nature du signal. Dans ce cadre, on peut supposer que la nature temporelle d’un signal intervient au même titre que sa nature propre : signal différent – chemin différent, ce qui est la base de notre modèle. Mais la difficulté pour ce genre de pré-traitement est qu’il semble difficile d’imaginer une interface suffisement performante : étant donné que la sensibilité de certaines cellule est inférieure au millième de seconde, il semble peu vraissemblable de coder des valeurs temporelles très importantes (au delà de la seconde, voire de quelques secondes), il semble ensuite difficile de concilier toutes les perceptions temporelles à un unique pré-traitement. Mais il n’est pas exclu que ce pré-traitement soit combiné lui-même à un traitement « habituel » (similaire au modèle) pour des résultats plus satisfaisants. Maintenant si tel était vraiment le cas, il y aurait de bonnes chances pour que des expériences de nature psychomotrices apportent une certaine présomption d’existence à la réalité de ce modèle.
Même si ces quelques lignes nous attestent qu’il est envisageable de prendre en compte la dimension temporelle dans notre système, on s’aperçoit que le choix d’une méthode plutôt qu’une autre n’est pas anodin. Il est clair que je n’ai pas assez approfondi cette notion pourtant primordiale, car son adéquation avec la structure peut entraîner une révision complète des mécanismes de fonctionnement. Mais comme je l’ai déjà dit, mon objectif consiste d’abord à apporter un canevas plutôt qu’un système clos, et l’intégration du temps demande une connaissance globale des processus temporel que je ne possède pas.
En conclusion, on s’aperçoit que la prise en compte de la dimension temporelle pose un certain nombre de difficulté. Une réponse plus adaptée et plus précise demanderait une expérimentation fine et orientée sur ces questions.

L’intensité des flux
Comme nous l’avons vu, l’intensité du flux détermine la portée de sa propagation, la force de la résonance, etc. Sur ce point aussi, beaucoup de subtilités peuvent être apportées au modèle ; il est possible d’envisager que chaque flux véhicule deux vecteurs d’intensité :
l’intensité de présence , qui correspond à cette force de propagation. C’est essentiellement de cette force là dont nous parlions quand nous évoquions de la force du flux, ou quand nous disions que des événements avaient lieu ou non en fonction de l’intensité du flux.
Mais, on peut supposer la présence d’un deuxième vecteur d’intensité du flux qui est l’intensité de la sensation (en parrallèle avec l’intensité de l’ordre que l’on verra plus loin). En effet, il faut expliquer le phénomène suivant : il se peut très bien qu’une perception soit très forte et que pourtant elle paraisse complètement négligeable à la perception (un bruit ambiant très fort). Il y a deux solutions pour envisager l’intégration de la force d’une stimulation. On pourait envisager des chemins différents pour chaque force de stimulation différente, ou alors une prise en compte de cette force dans le flux. Mais comme nous l’avons dit, il est assez clair que la perception se fait aussi indépendamment de la force d’intensité du flux. (Nous verrons que c’est encore plus marqué pour les ordres). C’est pourquoi il faut envisager un deuxième vecteur. Une autre raison qui conduit à ce choix est que la perception des choses ne dépend pas de la force avec laquelle elles sont perçues, mais d’abord de l’enchaînement : une perception fabriquer avec une faible stimulation sera immédiatement utilisable pour reconnaître cette stimulation même avec force et vice versa.
En fait, il est possible d’envisager aussi la création de nouvelles perceptions lorsque la force varie de façon importante, mais pas de façon systèmatique. Un tel choix dans le modèle signifie qu’il faut envisager que les associations créées gardent une mémoire de la force qui les a construit. Cela nous conduit à étendre le principe de base du modèle au lieu de « le sens provient du chemin », il faudrait dire « le sens provient du chemin et de la force du signal ». Nous n’approfondiront pas cette hypothèse compliquant le modèle pour un gain si médiocre. Nous préférons garder un maximum de clarté.

Un bref exemple
Pour résumer ces notions, donnons un exemple. Imaginons la situation suivante : demandons à un enfant (afin d’avoir une réaction naturelle et pas trop sophistiquée) de penser à « une table » ou «qu’est-ce qu’une table ». Que va-t-il se passer dans la pensée de cet enfant (docile et innocent de simplicité) ? On peut penser que les idées vont s’enchaîner autour des tables qu’il a déjà perçu ; peut-être qu'une table précise lui viendra à l’esprit ou bien plusieurs, les plus marquantes de son existance ou encore une table synthétisée par l’ensemble de ses expériences. On peut aussi penser que la question lui rappelle certains contextes dans lesquels une table ou le mot « table » a joué un rôle marquant à son esprit. On peut imaginer toutes sortes d’analyses et de généralisation du concept lui passant par l’esprit, ses expériences les plus fortes sur le sujet ou les plus récentes, etc… Mais de tels raisonnements auront lieu uniquement si l’enfant prend le temps d’y réfléchir activement. En pratique, il est plus que probable que ce cheminement ait lieu inconsciemment (comme l’explique notre modèle). Si l’on suit le parcours du flux, c’est-à-dire la recherche de toutes les notions pouvant avoir trait à la question, la liste peut-être très longue ; même si on la limite avec le contexte comme catalyseur. Il provient d’une multitude de concepts qui sont eux-mêmes dépendant de beaucoup de facteurs fluctuants. En essayant de transcrire l’expérience dans le cadre de notre modèle, il vient plusieurs remarques importantes :

Le concept de « table » sera construit par association synthétique de nombreux concepts (qui eux-mêmes sont construit par association).
Si tous les concepts prenait leur sens par association sur d’autres concepts, on retrouverait le célèbre paradigme de la poule et de l’œuf. Seulement nous l’avons dit aussi, la base de ces concepts existe bien, ce sont les cellules sensorielles (auxquelles il faudra ajouter d’autres éléments plus délicats à définir, comme nous le verrons).
L’idée schématique est la suivante : avant de donner un sens aux objets, il a fallu les voir, les toucher, les expérimenter. Toutes ces expériences définissent des concepts ayant des contenus très concrets (sensitifs) par la stimulation nerveuse des cellules sensorielles. Tout doucement sur ces expériences sensibles très basiques (comme : voir des tables) se sont construit des concepts de plus en plus abstraits. Associés à des synthèses de nature plus large, ces concepts ont donné lieu à des abstractions plus importantes (la forme de la table, la couleur de la table, la taille de la table,…). C'est dans le même temps qu'ont pris corps de façon transversale des concepts plus abstraits (la Forme, la Couleur, la Taille, ...).
Revenons aux concepts primaires : ils se limitent à une stimulation électrique par une cellule sensorielle. Elles sont impalpables par nos mentalités évoluées, le sens se limite à « stimulation électrique singulière». On ne peut rien dire de plus sur cette singularité. Puis en réfléchissant sur le modèle, on peut constater qu’entre les cellules primaires et le concept visuel de « table » (la reconnaissance d’une table), il y aura besoin d’un très grand nombre d’associations sur de nombreux étages. Si l’on veut maintenant un concept plus évolué, plus ‘habituel’, il faudra aussi beaucoup d’interactions autres que la vision pour y parvenir, notamment l’apport de la parole, de l’éducation, etc…
Pour aborder le plus simple des concepts présentant du sens, pour nous hommes à l’intelligence ‘évoluée’, il faut sans aucun doute parvenir à une complexité d’associations telle que toute analyse du phénomène risque de se perdre en pure hypothèse.
Probablement pourra-t-on cerner des tendances ; c’est dans cet esprit que nous avons présenté des exemples. Mais comme toute connaissance est fondée sur les cas particuliers et sur l’expérience ponctuelle, la construction des concepts élaborés (abstraits) est impénétrable dans sa forme. Estimer qu’à partir des sens et de quelques mécanismes de base peuvent se développer des concepts aussi abstraits que ceux de notre pensée, est sans doute naïf. Notre pensée est insondable, indécomposable dans son passé. Toute pensée est posée au sommet de la pyramide de son passé. Ce modèle est sans un doute un pari gratuit et il restera toujours ce pari. Mais nous ne sommes encore qu’à l’ébauche du modèle. Il est impératif d’avancer par idées simplifiées afin de dégrossir un mécanisme qui sera affinnée et précisée par la suite. Mais jusqu’au bout, il subsitera cette hypothèse gratuite sur laquelle repose le théorie : celle d’imaginer que quelques principes de bases peuvent donner une complexité aussi grande et structuré que la pensée humaine.
Pour prouver que le système peut vraiment parvenir à créer de tels concepts abstraits, qu’il est capable de voir le monde à partir des mécanismes que nous proposons, il faudrait construire une matérialisation informatique qui le réalise. Le modèle étant décrit de façon mécanique, il peut être informatisé. Ainsi la validation reviendra davantage à l’expérimentation qu’à l’analyse pour la simple raison que l’analyse semble inaccessible. A moins que des raisons encore plus évidentes ne viennent contredire la validité du modèle ?
Par ailleurs même si le modèle parvenait à des résultat informatique intéressants, nous aurions pas encore prouvé qu’il est un modèle valide pour l’être humain. Pour ce faire il faudrait trouver une correspondance physiologique au mécanisme.

Revenons à la « table » : si jamais l’enfant ne possède pas encore de concept bien structuré de ce qu’est une « table », la question posée devrait le conduire à la réflexion qui produira un concept synthétique de ce qu’il peut savoir d’une « table ». Une question logique se pose : est-il possible que le ce concept ne soit construit qu’après réflexion de l’enfant alors qu’il en avait déjà besoin pour comprendre la question ? Je pense que cela est possible si l’enfant est suffisamment formé pour entrevoir la question. On comprendra bien qu’une idée aussi abstraite que celle de « table » regroupe une multitude de concepts gigantesques. Le concept de « table » dont j’ai parlé n’est qu’un concept conscient créé par la pensée au moment de son évocation, il est devenu conscient non parce que le concept à été visité, mais parce qu'à un instant précis, un nouveau concept s’est crée juste au dessus de la multitude des concepts existants et avoisinant autour de « table » (pour la perception). Il a donc été créé un nouveau concept contenu, qui rassemble ce que le contexte et la mémoire produisent sur l’idée de table. Autrement dit, il fallait une certaine connaissance de ce qu’est une table pour synthétiser ce qu’est une table (en particulier une certaine signification du mot « table »).
Ainsi, la généralité est toujours partielle, mouvante dans le temps, dépendant d’un contexte de la pensée. C’est une remarque philosophique intéressante : dans notre modèle, l’idée de généralité perd complètement le sens fonctionnel et précis qu’il possède habituellement. C’est d’ailleurs, comme nous le verrons, toute la logique qui perd sa réalité.
On peut comprendre facilement que « l’écoute du mot table » est un concept très différent du concept de « table », lui-même beaucoup plus vaste (il contient la forme, l’utilité, la pratique, et aussi le mot, l’usage du mot, etc…) Ainsi les nombreux concepts « table » mis en jeu lors de l’écoute ou lors de la réflexion (par la création d’un concept conscient et général de « table ») ne sont pas les mêmes et seront même très différents selon l’histoire des individus et selon les contextes pour un même individu. On comprend aussi que l’idée de table sera reconstruite nouvellement à chaque fois qu’elle vient à la pensée ; à chaque fois que la question sera reposée et qu’un effort lui sera consacré. Sans doute d’une façon toujours plus très étroite avec le dernier concept. Ainsi à chaque usage conscient d’un concept, même si l’impression est a peu près semblable car basée sur le même socle, le sens ne cesse de varier.

Au terme de cet exemple, on peut revenir sur une idée déjà évoquée : un nouveau né ne voit qu’un grand vide. En effet, cette idée de « grand vide » prend un sens un peu plus précis. Il est peut-être un peu plus accessible de comprendre ce qu’il « pense ». Sa conscience repose sur la perception qu’il a emmagasiné. Comme l’abstraction n’en est qu’à un niveau très faible de la vision, sa pensée sera située sur ce même niveau, sur un niveau d’abstraction des événements primaires. Ce sont les stimulations sensorielles. ( Comme nous le verrons ultérieurement, d’autres sensations sont envisageables. Par exemple, il est possible d’imaginer des sensations primaires affectives : l’agréable et le désagréable, etc…
Comment alors parler de la conscience d’un bébé ? On peut imaginer qu’elle n’est pas du tout situé au même niveau d’abstraction, de compréhension de synthèse, de pensée abstraite que peut avoir un adulte. La conscience de soi, la conscience du monde, la conscience de sa pensée est un phénomène qui vient graduellement au rythme de l’abstraction. Voilà une réflexion très intéressante dans notre recherche du sens de la vie issue de l’élaboration de notre modèle.
Les références, les perceptions deviennent de plus en plus synthétiques N’est-ce pas une explication avantageuse de la perte de la mémoire des souvenirs de la petite enfance ? Les concepts créés dans la petite enfance sont inachevés, ils seront abondamment transformés et synthétisés. Ils sont donc voués à la disparition lors de la construction d’un modèle plus synthétique au-dessus de lui. Jusqu’à saturation des concepts de bases, il y modification de ces concepts par synthèse et disparition des concepts intermédiaires qui ne sont pas assez différentiés. L’influx ne stimulant plus ces proto-concepts,ou leur activation n’étant pas assez forte pour être permanente, leur mémoire disparaîtra.

 

Michaël Klopfenstein © 2007



La trame une image de la réalité.


Un regard philosophique sur Les mathématiques


La Science est recherche de la réalité objective partageable.

Le sens est le ressenti instantanné d'un tissu organisé de concepts formant une unité cohérente liée à la totalité de nos aquisitions (qui sont pour chacun un autre sens).